a woman lying down while carrying her baby
Points Clés

Le post partum : définition d’une période cruciale de la maternité

Dans le parcours de la maternité, surtout lorsque c’est la première fois, il y a des milliers de choses à découvrir et à apprendre. Accompagnés de nos proches et des professionnels médicaux, les futurs parents découvrent petit à petit les méandres des essais bébés, les hauts et les bas de la grossesse et la préparation à l’événement tant attendu et tant craint : l’accouchement.

Lorsque je suis tombée enceinte, j’ai commencé à me renseigner frénétiquement sur tout ce qui concernait la maternité, la grossesse, l’accouchement et les différentes façons d’accoucher. J’ai beaucoup lu sur la préparation à l’accouchement, d’ailleurs. Et comme beaucoup de mamans qui attendent leur premier enfant, j’ai mis beaucoup de mon attention et de mes efforts sur l’accouchement, la ligne d’arrivée de cette aventure, le début de ma nouvelle vie avec notre futur enfant.

Avec le recul, c’était logique : les médias, les professionnels de santé et nos proches, tout le monde semble dire qu’une fois l’accouchement passé, c’est terminé, retour à la vie normal et salut ! Et croyez-moi, j’aurais désespérément aimé que ce soit le cas.

Au fil de mes lectures, j’ai fini par entendre vaguement parler du post partum, mais j’ai fini par comprendre que je l’avais cruellement mésestimé. Avec le temps, j’ai fini par comprendre que j’étais loin d’être la seule dans ce cas, et que notre environnement et notre société ne fait pas grand chose pour que cela change.

Dans cet article, nous allons explorer ensemble cette période si particulière, souvent sous-estimée et mal comprise. Contrairement à ce que je croyais, le post-partum n’est pas seulement une phase de récupération physique après l’accouchement ; c’est aussi un voyage émotionnel intense où chaque jour apporte son lot de surprises, de joies et de défis plus ou moins difficiles.

Je vais partager ici avec vous, non seulement les aspects médicaux et pratiques du post partum, mais aussi mes expériences personnelles.

ventre de femme enceinte
Photo de freestocks sur Unsplash

Qu’est-ce que le post partum ?

Ah, le post partum… Cette période mystérieuse qui suit immédiatement l’accouchement. Pour beaucoup, elle évoque des images de bonheur intense avec leur nouveau-né. C’est l’idée d’une période bénie, d’un cocon dédié à la découverte de la maternité et de ce nouveau venu dans la famille qui change toutes les règles établies. Pour la plupart, c’est aussi un moment de grands bouleversements, tant physiques que psychologiques. Mais de quoi s’agit-il exactement ?

Durée du post partum : une période longue et variable

D’abord, comprenons bien que le post partum n’a pas de durée fixe. En effet, j’avais eu l’impression que le post partum servait uniquement à nommer la période entre l’accouchement et la reprise du travail. Mais c’est bien plus que ça ! Si c’est effectivement une période de convalescence, la reprise du travail n’a aucun rapport avec le fait que la maman (et le bébé, et la famille) ait réellement terminé son post partum. On a l’habitude de dire qu’il peut s’étendre sur quelques semaines, pour d’autres, plusieurs mois. Pourtant, je partage l’avis de la sage-femme Anna Roy, qui déclare que « le post partum dure trois ans ». Ce changement de point de vue est en partie liée aux découvertes scientifiques dans le domaine notamment psychologique autour de la maternité, comme nous l’avons évoqué en discutant de la matrescence.

Ce qui est important, c’est de reconnaître que chaque expérience est unique, et qu’aucun impératif sociétal ou professionnel n’entre en compte dans sa durée. C’est une expérience intime pour chaque maman.

Les changements physiques

Après l’accouchement, votre corps commence un processus de récupération. Vous pourriez ressentir des contractions, des saignements, et même des changements hormonaux. C’est normal, et cela fait partie du processus de guérison. Nous en avons d’ailleurs parlé dans l’article sur les tranchées et les lochies, qui font partie de ces phénomènes naturels aidant le corps à se remettre de la grossesse et de l’accouchement. Dans le cas d’une césarienne, ou d’une naissance multiple, d’autres « cicatrices » peuvent s’ajouter aux changements liés à la grossesse et nécessiter des prises en charge médicales et/ou médicamenteuses spécifiques. Le post partum, c’est donc une période très intense au niveau physique qui peut entraîner une grande fatigue.

Il peut être frustrant parfois de constater que notre corps met du temps à se rétablir, alors qu’on voudrait être déjà sur pied, déjà 100% disponible pour notre enfant ou nos proches. Mais n’allons pas plus vite que la musique ! Rappelez-vous, votre corps a accompli quelque chose d’incroyable, et il mérite du temps et de la patience pour se remettre.

Les changements psychologiques : « baby blues », dépression post partum et santé mentale

Et puis, il y a l’aspect psychologique. Avez-vous déjà entendu parler du « baby blues » ? C’est cette sensation de tristesse ou d’anxiété que certaines mamans ressentent après l’accouchement. C’est assez fréquent et généralement temporaire. Mais il est crucial de parler de ses sentiments et de chercher de l’aide si ces sentiments semblent s’aggraver ou durer plus longtemps que prévu.

Au delà du « baby blues », la détresse émotionnelle et la solitude d’une mère peuvent la conduire à la dépression post partum. Nous en avons déjà parlé, et si le « baby blues » est temporaire et fréquent, la dépression post partum a des conséquences beaucoup plus longues et profondes, et concerne près d’une maman sur trois !

Le post partum est donc une période de bouleversements psychologiques majeurs, qu’il ne faut pas sous-estimer et qu’il convient d’accompagner correctement si l’on souhaite ne pas y laisser de plumes.

Historiquement, l’aspect psychologique de la santé, c’est-à-dire la santé mentale, est souvent mis de côté, voire totalement nié. C’est notamment le cas dans la maternité, où l’accent est surtout mis sur la récupération physique de la mère et la santé du bébé. Mais la santé mentale de la maman est une condition nécessaire et primordiale pour pouvoir assurer le bien-être à long terme non seulement de la mère et de l’enfant, mais également de toute la famille autour d’eux.

Mon expérience personnelle

Ma grossesse Sabine Daho
Ma photo de grossesse

Je me souviens de mes premières semaines après la naissance de mon petit bout. J’étais à la fois émerveillée et complètement dépassée. Entre les soins à apporter à mon bébé et les changements dans mon propre corps, je me sentais diminuée, épuisée, incompétente et seule. J’ai eu l’immense chance d’avoir mon compagnon à mes côtés durant les premières semaines, grâce au congé paternité. Je me souviens de mon sentiment d’impuissance dans les premiers jours, suite à ma césarienne, car je ne pouvais même pas me lever et me redresser sans douleurs. Prendre mon enfant dans son berceau m’arrachait des grimaces. Les cris et les pleurs de mon fils me tiraient des larmes d’inquiétude, j’avais peur de ne pas être une bonne mère, de ne jamais parvenir à l’apaiser.

Lorsque mon compagnon a dû reprendre le boulot, ça a été une période extrêmement difficile. Mon début d’allaitement s’était mal passé, chaque tétée était douloureuse à m’en tirer des larmes, et mes douleurs abdominales me clouaient dans le canapé durant des heures. L’idée de prendre une douche m’effrayait, tant par l’inconfort physique que je ressentais que par la peur de lâcher mon enfant quelques instants. Et je ne vous parle même pas de l’immense fatigue liée à un sommeil presque inexistant. C’était la panique, très honnêtement…

Et puis, petit à petit, j’ai appris à me faire confiance et surtout à lâcher prise sur beaucoup de choses. J’ai cherché à me faire accompagner, et j’avoue que c’est le plus frustrant : très peu de professionnels sont formés à l’accompagnement post partum. La plupart ne s’inquiètent que de la santé du bébé, et j’ai été laissée à moi-même au bout de 15 jours par une sage-femme certes très compétente, mais totalement dépassée par le nombre de patientes à suivre. Me voyant en bonne santé physique, elle a estimé que je n’avais plus besoin d’elle. Lâchée avec moi-même, j’ai cherché l’aide d’une doula mais aucune ne pratiquait dans ma région. Heureusement j’ai pu trouver des groupes de soutien sur internet, et me confier à ma psychologue, sinon je pense que les conséquences auraient pu être vraiment graves sur ma santé mentale et sur mon couple.

Ma conclusion, au final, c’est qu’il y a un manque cruel d’accompagnement et d’information sur le post partum, et que si j’avais pu être mieux informée et soutenue, de même que mon compagnon, cela aurait pu être bien moins difficile à vivre.

Aspects physiques du post partum

Le voyage à travers le post partum est aussi physique qu’émotionnel. Comprendre et prendre soin de votre corps pendant cette période est essentiel. Voici quelques aspects physiques assez courant dans l’expérience du post partum.

Récupération après l’accouchement

Chaque femme récupère à son propre rythme après l’accouchement, selon la façon dont celui-ci s’est déroulé et le degré de préparation de la maman et du (ou de la) partenaire. Il est important de se rappeler que votre corps a vécu une expérience hors du commun et a besoin de temps et de soins pour se remettre. Ne vous pressez pas et écoutez votre corps. Si vous ressentez de la douleur ou un inconfort anormal, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. La douleur n’est pas une fatalité ! N’acceptez pas de souffrir en silence. Vous avez besoin de toute votre énergie pour vous remettre et pouvoir assumer vos nouvelles responsabilités auprès de votre nouveau-né.

Signes et symptômes courants

Les saignements post-accouchement, aussi appelés lochies, sont tout à fait normaux. Ils peuvent durer de quelques jours à plusieurs semaines. Les contractions utérines (les tranchées), souvent ressenties lors de l’allaitement, aident votre utérus à retrouver sa taille normale. Cela peut être inconfortable, mais c’est un signe que votre corps se remet. Pour les mamans allaitantes, vous pourriez constater que ces douleurs s’intensifient lorsque vous allaiter : c’est normal, car l’hormone qui vous aide à allaiter est la même qui intervient dans les contractions utérines : l’ocytocine. La nature est bien faite (même si comme moi vous n’aurez aucune envie de vous en réjouir à ce moment-là 😉 ).

Quelques conseils pour une bonne récupération physique

Repos : Le repos est crucial. Essayez de dormir quand votre bébé dort et prenez des moments pour vous détendre. Surtout, ne faites pas mon erreur : lorsque bébé dort, ne faites pas des choses que vous pourriez faire quand il est réveillé ! Le portage peut vous sauver la vie. Faire le ménage, la vaisselle, le repas etc. sont des choses que vous pouvez très bien faire pendant que votre nouveau-né est réveillé. Profitez de son sommeil pour faire ce que vous ne pouvez pas faire autrement, c’est-à-dire surtout vous reposer. J’insiste ! Et tant pis si vous n’avez pas passé l’aspirateur depuis une semaine, le monde s’en remettra, je vous le promets.

Nutrition : Manger équilibré est essentiel pour récupérer. Incluez beaucoup de fruits, de légumes et de protéines dans votre alimentation. Je vous ai proposé quelques aliments intéressants dans cet article. Il existe de nombreux ouvrages pour l’alimentation pendant le post partum. Je vous recommande particulièrement « Les recettes du quatrième trimestre au naturel », de Julia Simon que j’ai dévoré dans tous les sens du terme.

Activité physique légère : Une fois que votre médecin vous donne le feu vert, commencez par de légères activités physiques. Une petite marche peut faire des merveilles. J’en parlais d’ailleurs dans l’article suivant .La méditation et le yoga peuvent également vous aider. Vous pourrez trouver quelques idées dans cet article-ci.

Mon conseil d’amie et de jeune maman

Je ne saurais répéter assez que prendre soin de vous n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Après la naissance de mon fils, j’ai dû apprendre à prioriser ma santé et mon bien-être, car j’étais dans un état de convalescence et de fatigue tel que je n’avais tout simplement pas le choix. Si je voulais être capable de prendre soin de lui, je devais d’abord prendre soin de moi. C’est extrêmement important surtout au tout début, car à mesure que le temps passe, vous gagnerez en énergie en mettant en place de nouvelles routines adaptées à votre nouveau rythme de vie. Petit à petit, votre regain d’énergie alimentera aussi votre confiance en vous et sera un élément clé de votre sérénité au quotidien.

Aspects psychologiques du post partum

Mère en post partum berçant son enfant
Photo de Jenna Norman sur Unsplash

La naissance d’un enfant peut être un moment de joie immense, mais elle s’accompagne aussi de défis psychologiques considérables. Comprendre et prendre soin de votre santé mentale pendant le post partum est tout aussi important que de prendre soin de votre corps.

Comprendre le « baby blues » et la dépression post partum

Le « baby blues » touche de nombreuses nouvelles mamans, se manifestant par des sentiments de tristesse, de fatigue et d’anxiété. Il est important de savoir que ces sentiments sont courants et, dans la plupart des cas, temporaires. En revanche, la dépression post partum est plus sérieuse et durable, nécessitant souvent l’intervention d’un professionnel. Je vous ai partagé dans un ancien article quelques observations sur les différences entre le « baby blues » et la dépression post partum pour éviter la confusion et vous aider à être correctement accompagnée.

Soutien émotionnel et mental : l’importance de la communication et du soutien familial

N’ayez pas peur de parler de vos sentiments. Partager vos expériences avec votre partenaire, votre famille ou des amis peut être incroyablement libérateur. Le soutien émotionnel de vos proches est un élément clé pour naviguer dans cette période complexe. Et si, comme moi, vous ne trouvez pas le soutien dont vous avez besoin auprès de vos proches pour diverses raisons, n’hésitez surtout pas à vous tourner vers d’autres sources de soutien.

Ressources et aides disponibles : professionnels de santé, groupes de soutien

Sachez qu’il existe de nombreuses ressources pour vous aider. Des professionnels de la santé mentale aux groupes de soutien en ligne ou locaux, n’hésitez pas à chercher de l’aide. Je vous ai déjà suggéré l’association « Mama Blues » qui fait un travail exceptionnel d’écoute et d’accueil des mamans en difficultés. Il y a également la PMI, qui propose des services d’accompagnements professionnels (sage-femme, psychologues, thérapeutes) gratuits dans tout le territoire français. Vous pouvez aussi vous rendre dans des Lieu d’accueil Enfants-Parents (LAEP), pour rencontrer d’autres parents et sortir de votre routine ou de votre isolement.

Alors ne restez pas seule avec vos questions ou vos doutes, n’hésitez pas à aller chercher l’aide ou simplement la présence dont vous avez besoin.

Mon expérience personnelle

De mon côté, mon compagnon a mis beaucoup de temps à entrer dans son rôle de père, et pour des raisons personnelles et tout à fait compréhensibles pour moi, il n’était tout simplement pas aussi disponible que j’en avais besoin. Par ailleurs, ma famille est géographiquement loin et dans mon évolution personnelle, j’ai eu quelques divergences de valeurs majeures avec certains d’entre eux. Cela a créé une certaine distance qui n’aidait pas pendant mon post partum. J’avais besoin de me protéger, de me sentir en sécurité, mais aussi de me sentir soutenue et les deux n’étaient pas forcément compatibles à ce moment-là. Je suis malheureusement loin d’être la seule dans mon cas.

Parler avec d’autres mamans dans un groupe de soutien m’a aidé à comprendre que je n’étais pas seule dans mes sentiments. C’était un soulagement de savoir que mes émotions étaient normales et partagées. C’était précieux de pouvoir échanger sur nos difficultés (sommeil, allaitement, vêtements, etc) et de se sentir soutenue et comprise.

L’écoute constructive et bienveillante de ma psychologue m’a également été extrêmement précieuse dans ces moments de solitude, et m’a apportée énormément. Cela m’a permis de déterminer mes priorités, mes valeurs clés, ce qui valait la peine d’être défendu et ce qui méritait d’être laissé. J’ai pu naviguer ma nouvelle identité de mère avec plus de sérénité grâce à ces aides bienvenues et bienveillantes.

COnclusion

Loin d’être cette phase presque anecdotique qui relie l’accouchement et le retour à une « normalité » aussi fantasmée qu’inexistante (on ne revient jamais à ce qu’on était avant!), le post partum est un vrai voyage sous forme de convalescence physique et mentale, qui nous demande de traverser des transformations aussi bien physiques que mentales. Cette période est remplie de bouleversements, petits et grands. En tant que maman, vous aurez ainsi un certain nombre de défis à affronter en plus de vos nouvelles responsabilités de mères. Si certaines mamans traversent leur post partum sans trop de difficultés, d’autres n’en sortent pas sans certaines blessures, physiques ou mentales. Parmi elles, une sur trois souffrira d’une dépression post partum, qui peut durer plusieurs années et marquer durablement la mère, l’enfant et tout l’équilibre familial.

Le post partum est une période charnière où se jouent parfois l’avenir d’un couple, d’une famille mais aussi la santé mentale d’une femme et d’un nouveau-né. Car si la maman flanche, le bien-être du bébé peut en pâtir. C’est pourquoi la santé de la maman, sur tous ses aspects, doit à mes yeux être le point le plus important durant cette période.

Je pense sincèrement que le post partum peut, et devrait, être une période de transformation telle que celle que traversent les chenilles lorsqu’elles deviennent des papillons. Cela devrait être une période qui devrait aider les nouvelles mères à révéler le meilleur d’elles-mêmes et à tirer le meilleur de leur nouveau rôle de mère.

C’est la raison d’être de ce blog, et c’est ce pour quoi j’ai décidé de me battre. Pour vous, pour toutes les futures mamans, leurs enfants et leurs familles.

Connaissiez-vous la notion de post partum ? L’avez-vous déjà vécue ? Si oui, quelle a été votre expérience, votre impression ? N’hésitez pas à partager vos témoignages en commentaires, je serais très émue et touchée de pouvoir les lire.

Si vous avez aimé cet article, n'hésitez pas à le partager ! ;-)

2 commentaire

  1. Merci pour cet article très complet, et surtout de partager ton expérience personnelle, c’est touchant !

    1. Merci pour ce commentaire, Jessica 🙂 Ravie que cet article t’ai plu !

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