Au milieu du tourbillon d’émotions, positives et négatives, qui accompagnent les mamans durant le post-partum, on entend souvent parler de babyblues. Moi-même, je connaissais ce terme depuis longtemps, ne serait-ce que grâce à une chanson des Cranberries (un de mes groupes préférés!).
Beaucoup imaginent cela comme une vague nostalgie ou un état de tristesse diffus lié aux hormones après la grossesse.
Sur ce blog, le mot d’ordre est que la connaissance permet d’anticiper et de prendre soin de soi pour éviter des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale de la maman et du bébé.
C’est pourquoi aujourd’hui, je voudrais faire un zoom sur le babyblues. Ce concept n’aura plus aucun secret pour vous.
Le babyblues, c’est quoi ?
Après l’accouchement, une maman passe presque toujours par un ensemble de changements physiques (y compris hormonaux) et psychologiques assez brutaux. Ces changements entraînent un état émotionnel instable qui peut conduire à un sentiment de déprime que l’on nomme « babyblues ». 50 à 80% des mamans traversent une phase de babyblues après l’accouchement.
La particularité du babyblues, c’est sa très courte durée. C’est une phase transitoire. Elle peut durer quelques heures ou quelques jours, mais ne dépasse jamais une à deux semaines.
Au delà de deux semaines, il faut s’en alerter : parlez-en à votre professionnel de santé sans tarder, car ce n’est probablement plus un babyblues.
Quels sont les signes du babyblues ?
La plupart sont des signes émotionnels.
La maman va se sentir très irritable. Elle subira des sautes d’humeur incontrôlables (alternant rires et pleurs sans raison apparente). On peut aussi compter les troubles du sommeil et la fatigue comme des signes du babyblues. Enfin, elle ressentira une forme d’anxiété face à son enfant, la crainte de ne pas savoir s’en occuper. Elle peut aussi se sentir seule ou délaissée, voire dépassée par la nouvelle situation.
Ce sont des émotions très vives qui s’expriment face à un changement brutal et intense dans sa vie, suite à l’arrivée du bébé. Les mamans qui ont déjà d’autres enfants n’y échappent pas forcément : les sources d’anxiété ou de stress seront différentes mais bien réelles.
Cet état émotionnel peut grandement perturber l’entourage, qui a souvent du mal à reconnaître la maman. En effet, durant cette phase, sa sensibilité et son instabilité émotionnelles peuvent être extrêmement déroutantes, non seulement pour elle-même mais pour tous ceux qui la connaissent.
Mythes et réalités autour du babyblues
Voici quelques unes des fausses idées autour du babyblues qu’il est important d’écarter pour mieux s’en occuper.
« Babyblues et dépression post-partum, c’est la même chose »
Comme nous l’avons indiqué tout à l’heure, le babyblues est un état transitoire qui ne doit pas durer plus de 15 jours. Au delà, il y a des risques de basculer dans un trouble psychologique plus profond et aux conséquences plus sérieuses et durables : la dépression post-partum. Celle-ci apparaît en général plus tard, à partir du 1er mois post-accouchement. Mais elle peut aussi bien apparaître un an après l’accouchement si la maman n’est pas correctement accompagnée durant tout son post-partum ! Selon Anna Roy, le post-partum dure 3 ans, et les risques de dépression post-partum aussi du coup. Soyons vigilantes !
Il y a une différence très importante de gravité entre ces deux états. Si le babyblues peut passer plus ou moins « tout seul », tout indice de dépression doit absolument être signalé aux professionnels de santé qui vous entourent pour que la maman puisse être correctement accompagnée.
« Le babyblues ne concerne que les mamans »
L’instabilité émotionnelle que subissent les mamans touche aussi entre 5 et 10% des papas. D’ailleurs, la science a prouvé que les pères qui s’occupaient de leur enfant activement dès la naissance montraient des signes de production d’ocytocine (l’hormone du bonheur, de l’attachement que produit la maman dès la grossesse puis en grosse dose après l’accouchement). Il n’est pas exclut que le papa subisse lui d’autres grands changements hormonaux qui peuvent expliquer ce phénomène de « dadyblues », comme on l’appelle.
« On peut soigner le babyblues avec des anti-dépresseurs »
Je mets fin au suspens : non.
Le babyblues n’est pas un état dépressif, mais une instabilité émotionnelle temporaire liée aux changements entrainés par l’accouchement. Les anti-dépresseurs ne seront d’aucune utilité, d’une part parce qu’ils ont en général un temps d’action long (il faut en prendre pendant une certaine période pour que ça marche) et d’autre part parce qu’ils ciblent des symptomes de la dépression (notamment dépression post-partum), et non du babyblues.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter ce petit mémo sur la santé mentale et la parentalité proposé par psycom.org.
Comment gérer le babyblues ?
Avant toute chose, il est important de rappeler que le babyblues est une phase temporaire. Elle ne nécessite pas de médicament et passe généralement toute seule dans les premiers jours après l’accouchement.
Cependant il existe quelques bonnes pratiques pour vous aider à traverser cette étape de façon plus douce et sereine.
Face à vos sautes d’humeur et vos émotions exacerbées par la fatigue, accordez-vous le droit de craquer et de pleurer. Vous faites face à de très nombreux défis avec la naissance de votre nouveau-né et tous les changements qui se font en vous, au niveau physique et mental. Alors ne vous mettez pas de pression inutile : si vous sentez que quelque chose vous blesse, ou que vos émotions vous débordent, accordez-vous le droit de lâcher prise et de pleurer. C’est la meilleure façon d’accueillir l’émotion et de laisser passer la vague sans s’y noyer. Une fois la crise de pleurs derrière vous, vous serez déjà plus à même de retrouver vos moyens et de faire face à la situation, quelle qu’elle soit. Soyez indulgente envers vous-même.
Vous pouvez vous sentir faible et vulnérable dans cette nouvelle situation. Cela peut provoquer des inquiétudes, voire des anxiétés qui vont vous bouleverser encore davantage. Allez-vous vous souvenir de tous les conseils ? Saurez-vous bien prendre soin de votre enfant ? Est-ce que vous avez bien noté la prise de lait ? D’ailleurs, a-t-il assez mangé ? Comment est sa prise de poids ? Et les démarches admnistratives sont-elles faites ? Et pourquoi il dort ? Et pourquoi il ne dort pas ? Les questions peuvent s’enchainer à l’infini et vous faire tourner en bourrique. Stop ! Ne restez pas seule avec vos questions et posez-les sans hésiter à vos professionnels de santé. Ils sont là pour ça, c’est leur rôle d’y répondre et de vous rassurer. Votre rôle à vous, c’est de les poser sans filtre et d’obtenir toutes les réponses dont vous avez besoin pour vous sentir rassurée.
Les changements dans votre corps et votre esprit peuvent vous déstabiliser profondément. A commencer par la sensation très étange de vide dans votre ventre, qui abritait un petit être mobile il y a peu. C’est un vrai deuil à traverser pour certaines et il faut prendre le temps de le vivre pour pouvoir le dépasser. Votre meilleur outil sera de communiquer avec votre entourage et de leur demander du soutien pour faire face à ces changements et vous aider à vous ancrer dans votre nouvelle réalité. Ils seront la corde qui vous permettra de faire le lien entre votre vous d’avant et votre nouveau vous de maintenant.
Ces premiers jours seront très principalement marqués par la fatigue. Une fatigue bien compréhensible après ce que votre corps vient de traverser. Ensuite les nuits qui suivent l’accouchement ne feront rien pour arranger les choses. N’hésitez pas à demander de l’aide autour de vous, à votre entourage familial et médical. N’ayez pas de craintes ni de honte à reconnaître vos limites et à vous faire aider autant que nécessaire pendant cette période de transition. Prendre soin de vous est au moins aussi important que de prendre soin de votre enfant, sinon vous aurez du mal à tenir la distance et à pouvoir être présente pour lui autant que vous le désirez.
Conclusion
Nous voilà arrivé au terme de cette exploration du babyblues. J’ai essayé de vous en donner une vision plus claire, plus pragmatique mais aussi de vous donner quelques outils utiles pour y faire face et la traverser avec plus de sérénité.
Les clés résident dans l’acceptation de vos émotions, le soutien de votre entourage et le respect de vos limites et de vos besoins. N’oubliez pas qu’il s’agit d’une période transitoire courte, même si elle paraît interminable lorsqu’on la traverse.
Et surtout : prenez soin de vous ! C’est la clé pour que la suite de votre post-partum soit plus serein et que vous puissiez pleinement profiter des moments de joie intense qui vous attendent 🙂
Vous avez un doute sur votre état émotionnel ? N’hésitez pas à faire ce test de quelques minutes proposé par le site 1000-premiers-jours.fr (https://www.1000-premiers-jours.fr/fr) : évaluer votre bien-être émotionnel en quelques minutes
