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Bien dans ma tête

Hypervigilance maternelle : comment la gérer ?

Dans le précédent article sur comment identifier et comprendre l’hypervigilance maternelle, nous avons présenté ce qu’était l’hypervigilance en théorie, et la façon dont elle impactait les mères lors du post-partum, ainsi que ses sources et origines.

Dans cet article, nous allons voir comment prévenir les signes de l’hypervigilance, et la gérer au mieux si elle se développe malgré tout.

Reconnaître les signes l’hypervigilance Maternelle

Nous avons vu dans l’article précédent que l’hypervigilance apparaissait lorsque la préoccupation maternelle dépassait les limites des besoins de bébé. Lorsque les besoins de la maman s’effacent derrière ceux de bébé et que la maman commence à se négliger, c’est la sonnette d’alarme.

Mais en tant que maman, quand on a le nez dans le guidon, comment savoir s’il s’agit d’un simple instinct protecteur ou d’une dérive qui peut mener à l’hypervigilance ?

Tout d’abord, la mère ressent une sensation d’alerte continue. Le moindre bruit vous fait soupçonner un pleur de votre enfant. Des situations courantes peuvent vous mettre en alerte sans que vous ne sachiez pourquoi.

Ensuite, votre préoccupation pour votre enfant atteint des niveaux relativement envahissants. Même dans les situations à priori normales, vous ressentez un sentiment diffus d’inquiétude. Parfois même, il vous arrive d’imaginer des scénarios catastrophe pour des situations qui paraissent pourtant anodines. Si vous avez conscience de cet écart entre votre perception et la réalité de la situation, c’est déjà une excellente chose.

Un autre signe se trouve dans la volatilité de vos émotions. Même s’il est très courant pour une maman en pleine matrescence de passer par des hauts et des bas, si ces variations sont très prononcées et se cumulent avec d’autres signes, c’est peut-être de l’hypervigilance. En effet, cette attention accrue et permanente demande beaucoup de ressources émotionnelles et peut donc nuire à votre gestion émotionnelle habituelle. Vous perdez petit à petit le contrôle.

Le signe le plus important, si l’on en croit Anna Roy, c’est la persistance de ces signes. Le manque de sommeil entrainé par l’alerte permanente et l’instabilité émotionnelle s’installe et vous n’arrivez tout simplement plus à débrancher. Si la préoccupation maternelle est intense au départ, elle est sensée diminuer progressivement à mesure que la maman s’habitue et se crée des routines.

Si cette situation continue à provoquer un manque de sommeil lié au stress ou à des angoisses diffuses, il est temps de s’interroger.

Photo de Derek Finch sur Unsplash

Quelques astuces pour gérer l’hypervigilance maternelle

Si vous avez l’impression d’être sujette à l’hypervigilance, la première chose à faire est de vous entourer et d’en parler à des professionnels de santé qui peuvent vous aider. Demandez conseil auprès de votre sage-femme, ou mieux encore, auprès d’un psychologue qui sera apte à juger réellement de votre état mental (puisque c’est son métier). Appuyez-vous autant que possible sur vos proches pour tenter de prendre des pauses et du recul sur vos préoccupations. Partagez vos craintes et discutez-en avec des personnes de confiance pour avoir leur point de vue : le danger est-il réel ? Avez-vous de bonnes raisons de vous inquiéter ? Peut-être que oui, mais peut-être bien que l’hypervigilance vous joue des tours. Ces regards extérieurs peuvent être un premier pas vers un peu plus de sérénité.

Ceci fait, je ne peux que vous conseiller la méditation. Si vous êtes vraiment sujette à l’hypervigilance, la méditation vous aidera à gérer vos émotions intenses, et peut également vous aider à diminuer les sentiments d’alerte ou d’angoisse. La pratique de la méditation ne demande pas beaucoup de temps, mais nécessite une bonne régularité pour porter ses fruits alors ne vous découragez pas trop vite. Là aussi, être accompagnée peut vous aider à inscrire durablement la méditation dans votre vie et à avoir de meilleurs résultats.

Enfin, faites le point sur vos limites. Observez votre nouveau rythme de vie et réfléchissez bien aux sacrifices que cette hypervigilance demande de vous. Essayez de déterminer les limites de ce que vous pouvez vraiment faire et de ce qui déborde vos ressources (physiques et mentales). Vous êtes déjà en convalescence suite à une belle grossesse de 9 mois, et un accouchement souvent plus que sportif. Vous êtes fatiguée, et il est important de reconnaître que vous n’avez pas autant de ressources qu’avant la grossesse et que c’est tout à fait ok. Cela veut dire aussi que vous vous sentirez bien mieux si vous acceptez de lâcher du leste sur ce qui est moins important.

J’ai souvent fait l’exercice de la matrice d’Eisenhower pour apporter de la clarté dans ma routine.

Dans un tableau à 4 cases, vous pouvez classer vos tâches selon 4 degrés :

  • Urgent et important
  • Urgent mais pas important
  • Pas urgent mais important
  • Pas urgent et pas important

En faisant cet exercice chaque matin pour la liste des choses que j’avais en tête, j’arrivais plus ou moins à lâcher prise sur les deux dernières catégories, voire même parfois ne garder que la première en fonction de mon énergie disponible.

Vers une vigilance plus saine et équilibrée

Sur le plus long terme, il est important de construire un mode de vie au quotidien qui vous permette de vous protéger des débordements de l’hypervigilance. Par amour pour son nouveau-né, par perfectionnisme ou par envie de répondre aux pressions de notre entourage ou de la société, les mamans veulent toujours faire mieux, faire plus.

Malgré tout, prenez le temps, une fois par semaine ou par quizaine, de vous poser et de réfléchir à la situation. Est-ce que vous vous sentez sereine ? Est-ce que vos anxiétés augmentent ? Est-ce que votre niveau de stress est stable ? Est-ce qu’il y a de nouveaux éléments dans votre quotidien qui viennent bousculer votre routine et menacer votre équilibre émotionnel ? Est-ce que vos réactions émotionnelles sont justifiées ? Avez-vous une bonne lecture de la réalité, des faits ?

Pour ce faire, pensez à vous ménager du temps pour vous. Ce temps pour vous sera à la fois ressourçant, reposant et également une porte vers l’introspection. Cela vous permettra d’être à l’écoute de vos besoins et d’éviter de vous faire submerger sans le voir venir.

Et pendant ces temps de pause, prenez le temps aussi de célébrer vos réussites. Pensez à la liste de toutes les choses que vous avez accomplies, toutes ces connaissances que vous avez acquises. Songez au lien que vous êtes en train de construire avec votre enfant, cette nouvelle relation toute neuve que vous alimentez avec votre amour et votre attention. Prenez le temps de savourer également la beauté de ce que vous vivez, et de vous en nourrir pour mieux traverser les moments plus difficiles. Cela vous donnera un peu de répis et vous aidera grandement à diminuer votre stress.

Si vous n’en êtes pas à votre première expérience de la maternité, votre ressenti peut être très différent à propos de l’hypervigilance. Peut-être serez-vous de ces mamans qui prennent les choses avec beaucoup plus de calme et d’assurance. Peut-être au contraire serez-vous de celles qui tendent vers le perfectionnisme pour des raisons qui leur sont propres. Dans tous les cas, prenez tout de même le temps d’observer vos réactions, et de vous assurer de respecter vos propres besoins ainsi que ceux de vos autres enfants. C’est un exercice de jonglage qui demande d’être solide sur ses appuis, et dans lequel le temps pour soi est une précieuse aide.

Si, enfin, vous avez des antécédents de troubles psychologiques, j’insiste vraiment sur le fait de vous faire accompagner par des professionnels en qui vous avez confiance. Ne restez pas seule face aux défis de la maternité : c’est déjà difficile en temps normal, ne vous mettez pas des bâtons dans les roues. Tout comme pour la souffrance physique, la souffrance mentale n’est pas une fatalité !

Quelques idées reçues sur l’hypervigilance

Lorsqu’on n’est pas dans la peau de maman, cette histoire d’hypervigilance peut-être assez difficile à envisager et à comprendre.

Certains proches vont donc probablement se cacher derrière l’idée que l’hypervigilance n’existe pas et qu’il s’agit d’une simple « exagération » liée aux « hormones ».

L’hypervigilance maternelle a été admise comme l’un des symptômes traumatiques qui entourent la maternité, constitutifs ou faisant suite à une dépression maternelle (1). Plus largement, l’hypervigilance fait partie des symptômes liés aux troubles de l’anxiété, dans le DSM-5 ( Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders ou Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e révision en français)

Une autre façon d’écarter le sujet de l’hypervigilance est de généraliser la maternité : « toutes les mères passent par là », « c’est normal », « moi aussi j’ai vécu ça et je m’en suis remise ». Chaque maternité est unique, et chaque expérience de la maternité dépend de la femme qui la vit. Non seulement chaque ressenti est légitime, mais par ailleurs, vouloir nier la réalité et les défis liés à l’hypervigilance peut entraîner des conséquences graves sur la santé mentale des mamans concernées. Ce genre d’argument n’aide personne, et ne fait que planquer le problème sous le tapis, sous le prétexte qu’on ne s’en préoccupait pas avant.

Au fur et à mesure que nos connaissances s’étoffent et s’améliorent, nous devons accepter d’évoluer avec elles sans pour autant remettre en question les mamans qui sont passées avant nous.

Le fait de prendre soin de notre santé mentale aujourd’hui ne fait pas de nous des mamans plus « faibles » que les mamans d’avant : ça fait juste de nous des mamans qui font, comme dans chaque génération, le meilleur usage des ressources qu’elles ont pour leur bien et celui de leur enfant.

Il n’y a aucun mérite à s’accrocher à des usages passés si l’on sait qu’ils ne sont plus adaptés.

Conclusion

L’hypervigilance s’installe lorsque l’inquiétude prend des proportions trop importantes et trop énergivores pour la maman. Si elle prend son origine dans une préoccupation maternelle tout à fait normale, elle témoigne d’un excès qui peut nuire au bien-être de la maman et donc de son enfant.

Comme je l’ai déjà évoqué dans mes articles sur la matrescence, sur le temps pour soi et la gestion de l’énergie, il est primordial que la maman prenne soin d’elle-même pour pouvoir prendre soin de son enfant et de ses relations avec ses proches. J’espère que cet article vous permettra de faire le point sur vos propres émotions.

N’oubliez pas : n’hésitez pas à chercher de l’aide auprès de vos professionnels de santé si vous avez le moindre doute !

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