Voilà plusieurs jours, peut-être plusieurs semaines que vous êtes revenue à la maison avec votre enfant. Peut-être même avez-vous eu la chance de l’accueillir dans la chaleur de votre foyer directement.
Et petit à petit, cette question sournoise se pose de plus en plus souvent : quand vais-je pouvoir avoir un peu de temps pour moi ? Et surtout, est-ce possible sans ressentir cette pointe de culpabilité qui picote entre vos côtes ? C’est une question à laquelle nous avons presque toutes été confrontées un jour. Entre les nuits sans sommeil et les journées remplies de soins constants, trouver du temps pour soi peut sembler être une mission impossible. Mais que se passerait-il si je vous disais que non seulement c’est possible, mais c’est aussi essentiel pour votre bien-être émotionnel ?
Asseyez-vous, détendez-vous (si bébé le permet) et laissez-moi vous montrer comment il est possible de trouver un nouvel équilibre qui favorise votre santé mentale tout en renforçant vos liens avec votre bébé.
Pourquoi prendre du temps pour soi en post-partum ?
Même si la question peut paraître évidente, prenons le temps d’observer les intérêts de ce temps pour soi, spécifiquement pour la maman en post-partum.
Les premiers temps après l’accouchement peuvent vite s’avérer émotionnellement intense. Cela entraîne inévitablement une surcharge émotionnelle et physique (que j’ai déjà partagée dans l’article sur les petites cuillères). Affronter les changements physiques et mentaux de la matrescence, tout en étant en état de convalescence est un défi qui peut facilement donner l’impression d’être insurmontable.
S’ajoutent à cela la pression sociale et culturelle, qui peuvent augmenter le sentiment d’inadéquation ou d’insuffisance chez la maman.
Comment gérer ces attentes externes et internes tout en préservant votre bien-être émotionnel ? Prendre du temps pour soi est l’une des clés pour y parvenir.
Ce temps pour soi n’est pas un luxe, mais bien un besoin vital comme nous allons le voir dans cet article.
En créant ce temps pour soi, on s’offre la possibilité d’une bulle de calme toujours à portée de main, pour réduire rapidement le stress et l’anxiété. Dans cet état d’apaisement, vous serez plus à même de prendre soin de votre enfant et de renforcer votre lien avec lui. Ainsi, vous investissez également dans la qualité de votre relation avec votre enfant et de son développement à long terme.
Enfin, et ce n’est pas rien, cette bulle de calme vous permettra de créer un rempart solide contre l’épuisement maternel. C’est un moyen efficace de prévenir les risques de dépression post-partum et d’autres troubles de la santé mentale qui peuvent affecter votre vie ainsi que votre famille sur le long terme.
Ne croyez pas que ce temps soit une forme d’égoïsme. Tout comme dans l’avion, on vous demande de mettre le masque d’oxygène sur vous avant de vous occuper de vos enfants, prendre du temps pour vous permettra que vous puissiez prendre mieux soin de vos proches. Il est impossible de prendre soin des autres si l’on est soi-même en détresse. Au contraire, cela peut même parfois pousser à des comportements contre-productifs, voire même involontairement violents.
Et puis, la mère parfaite (celle qui fonctionne sur batterie solaire et n’a jamais besoin de se reposer) n’existe pas. Désolée ! Vous et moi faisons partie du genre humain, nous sommes et seront toujours des mamans parfaitement imparfaites. Et la bonne nouvelle, c’est que votre enfant n’en demande pas plus ! Il ne demande que vous, votre amour, votre attention. Et cela va demander que vous preniez un peu soin de vous, d’abord.
Du temps pour soi, ça veut dire quoi ?
Il ne s’agit pas d’une simple pause ou d’un temps vide. Il s’agit d’une période de temps pendant laquelle on choisit délibérément de prendre soin de sa santé physique et mentale. C’est un choix par lequel vous reconnaissez vos besoins, et choisissez de les satisfaire pour pouvoir, ensuite, retourner à vos autres tâches de façon plus sereine et efficace. Cela peut même vous aider à augmenter ou retrouver du plaisir dans les autres activités de votre quotidien.
Ce temps pour soi sera votre outil magique pour transformer votre post-partum en une période un peu moins difficile. Il vous permettra de prendre le recul nécessaire dans les différentes phases de votre matrescence. Par ailleurs, votre esprit plus calme et plus serein aura plus de ressources pour faire face aux défis qui ne manqueront pas de se présenter dans votre nouvelle maternité. Il vous rendra aussi plus disponible pour savourer les moments de joies et vous en nourrir.
Prendre soin de soi ne veut pas dire négliger votre enfant. C’est même exactement l’inverse : en prenant soin de vous, vous vous assurez d’être au mieux de votre forme mentale et physique pour répondre aux besoins de votre enfant et être disponible pour lui.
En parallèle, la culpabilité que l’on pourrait ressentir à prendre ce temps pour soi est totalement infondée. La culpabilité est un sentiment que l’on ressent lorsqu’on sait qu’on fait quelque chose moins bien qu’on ne pourrait le faire, ou qu’on fait quelque chose d’autre que ce qu’on devrait faire. Pourtant, quand vous choisissez de prendre soin de vous, vous investissez activement dans votre bien-être à court et à long terme. Et si vous allez mieux, vous avez donc de meilleures ressources pour prendre soin de votre enfant, en terme d’organisation, d’énergie, d’empathie, et tant d’autres choses que vous pouvez offrir à votre enfant.
Un pichet vide ne peut pas remplir un verre d’eau : prenez le temps de remplir votre pichet de bien-être pour pouvoir l’offrir à votre enfant !
Ok, mais comment je fais pour trouver du temps pour moi ?
Nous l’avons déjà évoqué, mais la première chose indispensable à faire, c’est de vous débarrasser pour de bon de toute culpabilité. Au risque de me répéter, vous ne pouvez pas offrir ce que vous n’avez pas. Prenez le temps de prendre soin de vous pour pouvoir vraiment prendre soin de votre enfant et profiter pleinement de ces moments d’amour et de complicité que vous allez construire avec lui. Ce n’est pas de l’égoïsme, c’est un besoin vital, pour vous et pour votre enfant. Si vous craquez, si vous dépassez vos limites physiques ou mentales, vous ne pourrez plus être là pour lui.
Alors soyez indulgente avec vous-même, accordez-vous la même bienveillance que vous accorderiez à votre meilleure amie ou même à votre enfant. Établissez des attentes réalistes pour vous-même : que suis-je capable de faire aujourd’hui ? Appuyez-vous, au besoin, sur la théorie des cuillères et discutez-en avec votre partenaire et votre entourage (familial, amical, médical). Et lorsque vous sentez que cela devient difficile, dites-le et cherchez de l’aide en toute transparence. N’essayez pas de tout assumer vous-même ou d’aller au-delà de vos limites : tôt ou tard, vous en paierez le prix, et votre enfant aussi par ricochet. Nous ne sommes que des êtres humains, avec nos limites et nos faiblesses, et c’est tout à fait normal. Personne n’attend de vous que vous vous transformiez soudain en Wonderwoman. Alors ne vous mettez pas cette pression à vous-même.
Je ne cherche absolument pas à créer une culpabilité nouvelle : j’essaie de vous faire prendre conscience de l’importance vitale de prendre soin de vous et de vous accorder cette petite soupape de respiration qui peut vraiment tout changer.
Pour créer ce temps pour soi, de façon concrète, il n’y a pas de secret : il faut le planifier et l’inscrire dans votre routine. Il doit être aussi évident dans votre quotidien que le temps que vous prenez pour aller aux toilettes (pas le choix!) Petit à petit, il rentrera dans vos réflexes et deviendra une part totalement intégrée de votre vie. J’espère, d’ailleurs, que vous y trouverez suffisamment de bénéfice pour l’entretenir même après votre post-partum !
Ce temps pour soi n’a pas besoin de durer longtemps : il peut s’agir d’une pause de 20 à 30 minutes, c’est souvent largement suffisant. Je me souviens qu’au début de mon post-partum, 20 minutes me paraissaient une éternité loin de mon fils. Pourtant, elles passaient toujours à toute vitesse quand je ressortais de la salle de bain, toute pimpante, après avoir pris soin de mon corps tout en m’accordant quelques instants de méditation sous la douche (j’adore). Et quel plaisir de serrer contre moi mon enfant tout chaud en me sentant fraîche et disponible !
Cela peut aussi être simplement un temps de calme devant la télé avec un chocolat chaud et de quoi grignoter. Ou encore un moment de lecture, ou d’écriture dans votre journal intime. Toutes ces activités sont autant de façons de vous ressourcer, prendre du recul sur vos émotions, trouver du calme pour mieux affronter le reste de la journée.
N’hésitez pas à faire appel à votre partenaire ou vos proches pour vous aider à aménager ce temps. Essayez de trouver quelqu’un qui acceptera de vous aider à dégager 20 à 30 minutes par jour pour prendre soin de vous. Au besoin, vous pouvez faire appel à la PMI ou à des services d’aide à domicile (proposés par la CAF). Personnellement, je profitais simplement d’une des nombreuses siestes de mon enfant pour m’occuper de moi.
A ce propos, n’oubliez pas que c’est du temps pour VOUS, pas pour la vaisselle ou l’aspirateur. Même si pour certain(e)s l’état de votre foyer est très important (et c’est compréhensible), j’espère que cela ne sera jamais aussi important que votre propre santé mentale et physique. N’oubliez pas pourquoi vous voulez prendre ce temps-là.
« Oui m’enfin t’es marrante, Sabine, c’est pas si facile … »
« Je n’arrive pas à le confier à quelqu’un d’autre, ça me stresse, je n’ai pas confiance. Je ne peux pas abandonner mon bébé-chou-chéri-trésor-doudou »
Ok, Mama, je te comprends ! Tu es sa maman, et si tu es dans les cas typiques de notre société, tu es probablement celle qui s’en occupe le plus souvent et donc qui connaît toutes les petites choses auxquelles il faut prêter attention. Tu connais ton enfant, ses réactions, ses besoins etc. Tu veux être absolument sûre qu’il aura toujours le meilleur du meilleur. Et soyons honnête, la meilleure c’est toi.
Cependant, toi et moi, on sait aussi que ton nourrisson adoré, lorsqu’il a mangé et qu’il est changé, n’a plus beaucoup d’autres besoins que celui d’être peut-être bercé ou mis en peau-à-peau.
Crois-moi, pour toi comme pour ton enfant, c’est le moment idéal pour qu’il passe du temps avec son papa, par exemple, ou avec mamie et papy. Si cela te soulage, tu peux leur laisser une to-do list de ce qu’il faut faire pendant ton absence.
Cela peut beaucoup aider d’accepter qu’ils feront les choses différemment, mais que comme toi, ils aiment cet enfant et qu’ils ne veulent que son bien. Evidemment, si c’est une personne en qui tu n’as pas ce minimum de confiance, mieux vaut ne pas le lui confier du tout. Que ce soit en terme d’éducation ou de survie pure, les statistiques sont rassurantes : il est très rare qu’il se passe quoique ce soit d’irréparable en l’espace 20 ou 30 minutes, si tous les besoins de base sont satisfaits. Si ton absence doit durer plus longtemps pour quelque raison que ce soit, propose des consignes claires et concises, et demande à ce qu’on t’envoie des nouvelles (avec photo) régulièrement. N’hésite pas à demander ce qui est nécessaire pour te sentir rassurée : c’est normal !
Mon option préférée : s’il dort, tu n’as aucune excuse pour ne pas le laisser tranquille et t’occuper un peu de toi.
« Oui mais ça c’est si bébé dort tout seul. Le mien ne dort QUE sur moi ! »
Je connais. Le mien m’a fait le coup pendant les 4 premiers mois de sa vie, et à bientôt 2 ans il a encore besoin de maman pour trouver le sommeil le soir. Alors crois-moi, je connais !
Pourtant, j’ai quand même trouvé moyen de me doucher et de prendre quelques instants pour moi.
Il existe des techniques pour parvenir à poser bébé quand il dort : internet saura vous en proposer à foison.
Il est aussi possible, pour les bébés curieux comme le mien, de simplement le laisser dans son cosy ou son transat, dans la salle de bain pendant que vous prenez votre douche par exemple. Ou dans la pièce où vous ferez ce que vous avez décidé de faire pour vous-même. En votre présence, et avec un petit jouet s’il est dans une phase d’éveil active (après quelques semaines de vie), s’il est repu et au sec, il sera tout à fait satisfait.
« Mais les autres mamans elles y arrivent très bien sans faire de pause et pas moi »
Je veux bien que vous me les présentiez, ces supermamans. Par ce que je suis 100% certaine qu’une maman épanouie et qui parvient apparemment à tout gérer le fait parce qu’elle a suffisamment d’aide et de ressources pour être efficace. Grattez un peu la surface et vous découvrirez peut-être le secret :
- est-ce qu’elle a un aspirateur robot qui aspire sans qu’elle ne s’en occupe ?
- un lave-vaisselle avec en option le mari qui le rempli et/ou le vide ?
- des plats surgelés ? (et vous devriez aussi si ce n’est pas le cas!)
- une aide à domicile ?
- peut-être moins de craintes que vous à déléguer ou à confier son enfant quelques instants par jour ?
- peut-être la chance d’avoir un enfant qui n’a pas de problème de santé spécifique (reflux gastrique, poussée dentaire, allergie, etc.) ?
- un seul enfant alors que vous en avez plusieurs ?
- etc.
Toutes ces choses sont autant de charge mentale qu’elle a peut-être en moins par rapport à vous.
Vous ne pourrez jamais être exactement dans ses chaussures : nous essayons tous de paraître meilleur que nous le sommes aux yeux des autres, donc vous ne connaissez pas l’envers du décors. Alors à quoi bon vous comparer à quelqu’un que vous êtes très probablement en train d’idéaliser ?
Chères mamans, j’espère que cet article vous aura convaincues de l’absolue nécessité et des nombreux avantages qu’il y a à prendre du temps pour soi pendant le post-partum.
Avez-vous réussi à inclure cette habitude dans votre routine quotidienne ? Avez-vous des blocages que je n’ai pas évoqués dans cet article ? N’hésitez pas à partager vos avis dans les commentaires !