Pendant 9 mois, vous avez préparé et attendu le jour de l’accouchement, votre rencontre avec votre petit bout.
Après de longues heures de contraction, de travail douloureux, peut-être avec l’aide d’une péridurale ou d’une césarienne, ca y est. Vous tenez enfin entre vos bras le fruit de vos entrailles, votre merveilleux bébé, le nouveau centre de gravité de votre monde.
Maintenant, vous allez pouvoir le couvrir de votre amour, peut-être démarrer l’allaitement. Vous allez construire une relation unique pleine de tendresse avec ce nouvel arrivant et tous les autres membres de la famille.
Et pendant ce temps, votre corps va se remettre en place, petit à petit. Énergiquement, même. Comme un retour à la réalité bien musclé.
J’ai entendu parler des tranchées pour la 1ere fois quelques semaines avant l’accouchement, ce que je trouve relativement tard. Certaines mamans m’ont avoué n’en avoir entendu parler qu’après l’accouchement, ce qui est tout bonnement incompréhensible. Et vous, connaissez vous le monde merveilleux des tranchées et des lochies ?
Que sont les tranchées et les lochies ?
Les tranchées se reconnaissent facilement par les douleurs qu’elles provoquent, similaires à celles des contractions de fin de grossesse. Heureusement, elles sont moins fortes que celles de l’accouchement mais elles restent néanmoins suffisamment douloureuses pour pouvoir couper le souffle, au début. L’intensité de la douleur varie selon les femmes et leur tolérance.
Toutes les mamans vont avoir des tranchées, quelle que soit la voie d’accouchement. Ces tranchées représentent les contractions de l’utérus qui essaie de reprendre ses dimensions pré-grossesse. Il s’agit d’une partie importante du processus de récupération du corps post-accouchement. Elles servent aussi à comprimer les vaisseaux sanguins rompus lors du décollement placentaire. Enfin, elles aident à expulser les lochies, facilitant ainsi le nettoyage interne.
Les lochies sont les compagnes de route des tranchées. Après l’accouchement, votre corps fait plus ou moins le ménage. Vous n’avez pas eu de règles pendant toute votre période de gestation : après la sortie de bébé, l’utérus se « nettoie » et expulse tout ce dont il n’a plus besoin, à commencer par le placenta lors de ce qu’on appelle la délivrance, c’est-à-dire une série de contractions juste après la naissance de bébé durant laquelle on expulse le placenta. Après cela, il y aura encore des pertes de sang abondantes pendant plusieurs jours, puis plus modérées jusqu’à ce qu’elles disparaissent au bout de 2 à 4 semaines : ce sont les lochies. Les lochies ne sont pas douloureuses en elles-mêmes.
Douleurs et inconfort post-accouchement
Comme nous l’avons indiqué, seules les tranchées sont douloureuses. Elles sont provoquées par des pics d’ocytocine, cette hormone dont on parle temps autour de la maternité.
L’ocytocine intervient dans beaucoup de processus clés de la maternité, notamment les contractions de l’utérus(d’où son implication dans les tranchées). Mais elle est aussi liée à la production de lait et au renforcement du lien affectif entre le parent et l’enfant (quelque soit le sexe du parent).
Il n’est donc pas rare que l’allaitement de bébé provoque des contractions de l’utérus, voire même augmente les douleurs des tranchées. Cependant, en contrepartie, plus elles sont intenses, plus les tranchées sont « efficaces » pour resserrer l’utérus.
Ces douleurs peuvent être particulièrement aiguës après une césarienne, puisque l’utérus est en cours de cicatrisation. C’est un paramètre à prendre en compte, d’autant que les mères allaitantes ont tendance à « serrer les dents » et moins se reposer sur des anti-douleurs de peur d’intoxiquer leur bébé (1) (peurs souvent infondées, car il existe des anti-douleurs parfaitement adaptés à l’allaitement).
En ce qui concerne les lochies, si elles ne sont pas douloureuses, elles provoquent tout de même un inconfort important. Les pertes de sang sont très abondantes au départ et nécessite d’être équipée de façon étanche pour le confort au quotidien. Par ailleurs, il est très important de se changer souvent pour éviter :
- des fuites et inconforts liés à l’humidité
- des infections liées à une trop longue macération dans le sang
Les femmes ont l’habitude de ces phénomènes avec leurs règles, mais le phénomène des lochies est plus intense et plus long que celui des règles et cela peut surprendre.
L’inconfort n’est pas que physique, il est aussi mental. Le fait de devoir porter des équipements étanches et très épais est tout sauf glamour. Il n’est pas rare que la maman se sente gênées, voire honteuses de leur état, pourtant tout à fait naturel et inévitable.
Gérer les tranchées et lochies : conseils pratiques
Avant toute chose, il me paraît important de rappeler ceci : la douleur n’est pas une fatalité ! Vous avez le droit de faire appel à un médecin pour vous prescrire des anti-douleurs efficaces et adaptés à votre situation (par exemple en cas d’allaitement). Ne laissez surtout pas la douleur rendre cette période encore plus compliquée qu’elle ne l’est déjà. Vous pouvez déposer des poches chaudes sur votre ventre pour apaiser les contractions. Il est aussi très réconfortant dans ces moments-là d’être bien couverte, bien au chaud, voire de boire une boisson chaude.
N’hésitez pas à utiliser toutes les astuces qui vous font du bien lorsque vous avez vos règles habituellement.
Ensuite, l’autre aspect important à prendre en compte c’est votre confort. Il existe des types très variés de protections pour toutes les mamans : choisissez celle qui vous convient le mieux. Prenez une protection qui soit à la fois pratique et confortable pour vous, suffisamment absorbante et protectrice pour que vous vous sentiez en sécurité. Pour moi, il était aussi très important que je ne me sente pas « encombrée ». J’ai donc opté pour des protections « tout-en-un » qui étaient un peu moins épaisses que celles de la maternité (les pads et le filet très sexy qui sont offerts le premier jour), mais plus élégantes et plus confortables. J’appréciais le fait de me sentir à peine plus encombrée que pendant mes règles, et de pouvoir aller aux toilettes sans que tout se casse la figure.
Pensez également, si vous avez subit une césarienne, à prendre des protections qui ne viennent pas appuyer sur votre cicatrice. C’est inutilement douloureux.
Parmi les protections disponibles de nos jours, il y a évidemment les culottes jetables spéciales post-partum, mais également les culottes de règles (qui sont suffisantes à partir de la 2e semaine normalement) et vos équipements de règles habituels dès que le flux s’amenuise assez.
Quelques points d’attentions : quand faut-il s’inquiéter ?
Même si le phénomène ressemble aux règles dont on a l’habitude, votre corps vient de subir une série d’épreuves relativement intenses. Il est extrêmement important de prendre bien soin de vous pendant votre post-partum pour éviter des complications inutiles. Aussi voici quelques signes de vigilance à avoir autour des lochies et des tranchées :
- Si les saignements abondants persistent au delà d’une semaine ou s’intensifient
- Si vous avez une fièvre de 38°C ou plus
- Si vos douleurs abdominales sont vraiment intenses et que les anti-douleurs ne vous aident pas
- Si vos pertes ont une odeur forte
- Si vous avez des vertiges, des maux de têtes sévères ou des changements soudain de votre vision
Dans tous ces cas, alertez très rapidement un professionnel de santé (médecin ou sage-femme) pour qu’il ou elle puisse vous examiner dans les plus brefs délais.
Quelques ressources pour vous aller plus loin
Si vous souhaitez vous renseigner davantage, n’hésitez pas à consulter l’une ou l’autre de ces ressources.
Sur le site des maternelles, vous trouverez un article dédié au sujet ainsi que plusieurs vidéos et témoignages, avec notamment l’intervention de la sage-femme Anna Roy.
Le site de l’application May propose elle-aussi quelques informations complémentaires sur le sujet.
Il existe également de nombreuses revues scientifiques à l’adresse du public et des professionnels que vous pouvez consulter. En voici un exemple :
Simon, E. G., & Laffon, M. (2015). Soins maternels après accouchement voie basse et prise en charge des complications du post-partum immédiat: Recommandations pour la pratique clinique. Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, 44(10), 1101-1110.
N’hésitez pas à poser toutes vos questions aux professionnels qui vous accompagnent, et n’oubliez pas : la douleur n’est pas une fatalité !
- Mercier, Y. Validation externe d’un score basé sur 3 questions simples pour Prédire la survenue de douleurs sévères post-césarienne (Doctoral dissertation, Thèse de doctorat: Univ. Genève, 2020, no. Méd. 10990).
- Simon, E. G., & Laffon, M. (2015). Soins maternels après accouchement voie basse et prise en charge des complications du post-partum immédiat: Recommandations pour la pratique clinique. Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, 44(10), 1101-1110.