La maternité est une aventure parsemée de découvertes et de changements intenses, tant physiques que psychologiques. Aujourd’hui, plongeons-nous dans un aspect particulièrement délicat de ce voyage : l’hypervigilance maternelle durant le post-partum. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi cette vigilance accrue peut parfois devenir écrasante? Ou comment naviguer à travers ces moments d’intensité sans compromettre votre bien-être et celui de votre nouveau-né?
Nous sommes ici pour explorer ensemble ce phénomène. Nous allons discuter des réalités de l’hypervigilance maternelle et découvrir des stratégies pratiques pour surmonter ces défis sans perdre le fil de l’expérience magique qu’est la maternité.
Les Frustrations de l’Hypervigilance
Au milieu des vagues d’amour et d’émerveillement qui provoquent votre tout petit bout, il vous arrive parfois d’être soudain écrasée par des moments d’incertitude et de préoccupation tout à fait légitime : comment être sûre que vous vous y prenez bien ? N’avez vous rien oublié ? Pourquoi pleure-t-il ?
Comme nous l’avons expliqué dans l’article sur l’instinct maternel, le bébé n’est pas livré avec un mode d’emploi et vous allez tâtonner pour faire connaissance avec lui et ses besoins. Petit à petit, par l’expérience, vous allez apprendre à le connaître. Mais ces premiers jours ou semaines d’inconnu peuvent être source de stress et d’anxiété. C’est dans ces conditions que l’hypervigilance s’installe, apportant avec elle une charge émotionnelle intense, souvent sous-estimée.
Dès lors, chaque choix semble revêtir une importance démesurée. L’hypervigilance, bien que née de l’amour et de l’intention de bien faire, peut transformer des moments simples en véritables épreuves.
Par ricochet, cela peut avoir un impact sur tout le cercle familial. La tension de votre inquiétude peut modifier les relations avec les proches et créer une ambiance néfaste pour tous, y compris le bébé.
C’est pour cela qu’il est important de comprendre ces frustrations, de les démystifier et de trouver des moyens de gérer cette hypervigilance.
Le côté positif de l’hypervigilance
La situation n’a pas que des côtés négatifs. L’hypervigilance est un symptôme né d’une préoccupation maternelle tout à fait naturelle à la naissance de son nouveau-né. Il est normal pour la mère d’être réveillée par le moindre petit gazouillis de son enfant, pour s’assurer de répondre à ses besoins. Parfois même, il arrive de se réveiller quelques instants avant que l’enfant ne se réveille pour réclamer à manger. Cet instinct est extrêmement utile au départ pour aider la mère à apprendre à connaître son bébé. Il est aussi parfaitement adapté pour qu’elle soit en mesure de répondre aux besoins du bébé et assurer sa survie : la nature est plutôt bien faite!
Cependant, l’hypervigilance apparaît lorsque cette préoccupation naturelle déborde les besoins du bébé, et vous accapare au détriment de vos propres besoins et de votre relation avec votre enfant. L’hypervigilance, si vous apprenez à en déceler les signes, vous alerte sur le déséquilibre de votre attention. Elle vous indique qu’il est temps de prendre du recul et de faire attention. Elle vous alerte aussi sur la possibilité que vos autres relations soient négligées et appauvries par ce déséquilibre.
Si vous apprenez à gérer votre hypervigilance, vous aurez une meilleure gestion de votre stress. Vous serez aussi capable de mettre en place des stratégies qui protégeront à long terme votre santé mentale mais aussi vos relations familiales, y compris votre relation à votre bébé. C’est donc un gage de développement sain pour votre enfant. Au final, toute votre expérience de maternité s’en trouvera améliorée et apaisée. Excellent programme, non ?
Les erreurs courantes autour de l’hypervigilance maternelle
L’hypervigilance peut entraîner plusieurs comportements qui vont entrainer des conséquences négatifs sur votre santé mentale. En plus de dégrader votre équilibre émotionnel, elles vont entrainer une fatigue mentale importante, des tensions familiales et peuvent parfois impacter le bon développement de votre enfant (dans des cas extrêmes).
L’hypervigilance va souvent de paire avec une surprotection excessive du nouveau-né. S’il est normal de vouloir protéger notre enfant de la douleur, de la maladie, et touti quanti, il faut aussi accepter qu’il s’agit d’un petit être humain déjà capable de beaucoup de choses. Avec l’aide de votre sage-femme, de votre entourage ou d’une personne de confiance, apprenez à trouver la juste mesure entre la protection de votre enfant et son épanouissement normal. Sinon, vous allez vous épuiser totalement à vouloir le couper de tout danger potentiel ou imaginaire, au risque de vous isoler totalement de votre entourage.
L’isolement est un autre risque important de l’hypervigilance. N’ayant pas confiance dans votre entourage et votre environnement, vous risquez non seulement de vous couper vous-même du monde, mais aussi votre enfant. Or, si le lien avec le parent référent est primordial pour le bon développement du bébé, l’accès au monde extérieur l’est tout autant pour stimuler son cerveau mais aussi son corps. Par ailleurs, l’isolement de la maman peut aggraver le stress, augmenter la charge mentale et accélérer la dégradation de sa santé mentale.
L’hypervigilance peut aussi aggraver le phénomène d’auto-flagellation courant chez les jeunes mamans. Soucieuse de bien faire, il est courant qu’une jeune mère se mette énormément de pression de perfection, en mettant très haut la barre. Très vite, la moindre petite décision devient l’occasion de tester ou de valider son statut de « mère parfaite ». C’est une fuite en avant épuisante et destructrice.
Mythes et réalités autour de l’hypervigilance maternelle
L’une des difficultés dans l’identification de l’hypervigilance, c’est qu’elle est souvent mélangée voire validée par des mythes courants.
Par exemple, il est courant de se dire qu’il est normal d’être toujours attentive aux besoins de son bébé. Mais si cela se fait au détriment de vos besoins, par exemple de votre sommeil, cela va finalement devenir contre-productif et contribuer à dégrader votre santé physique et mentale.
On pourrait croire aussi que c’est une démonstration parfaitement normale de votre amour inconditionnel pour votre enfant. Mais prendre soin de vous n’est pas une forme de négligence envers votre enfant, au contraire ! Si vous en doutez, je vous invite à consulter mon article sur l’importance du temps pour soi pendant le post-partum et les conséquences sur votre enfant et votre relation avec lui.
On pense souvent que c’est à la mère de s’occuper de l’enfant, et cette charge mentale renforce le phénomène de l’hypervigilance. Pourtant, comme nous l’avons partagé dans cet article sur le mythe de l’instinct maternel ou sur la théorie des petites cuillères, il est primordial de partager cette charge avec notre partenaire et notre entourage (familial, amical, médical) pour que la maman puisse aussi prendre soin d’elle. Car rien n’est meilleur pour un enfant qu’un parent en bonne santé et disponible pour prendre soin de lui. Prendre soin de son enfant au détriment de soi-même n’est jamais une bonne stratégie à long terme.
Pour conclure cet article, je vous partage une vidéo de Anna Roy, dans l’émission des Maternelles, qui vous présente brièvement ce qu’est l’hypervigilance.
Dans le prochain article, nous verrons ensemble comment reconnaître les signes de l’hypervigilance et la gérer, pour une maternité plus sereine et épanouissante.