deux mannequins de bois s'enlacent
Points Clés

L’instinct maternel : mythe ou réalité ? (partie 3)

Cet article termine la série sur « Instinct maternel : mythe ou réalité ? (partie 1 et partie 2) ». Dans cet article nous allons voir quelles sont les éventuelles alternatives pour favoriser le bien-être des mamans et de leurs enfants, car le lien précoce parent-enfant est absolument primordial dans le bon développement des bébés.

Dans les deux précédents articles, nous avons discuté des origines de la notion d’instinct maternel. Nous avons discuté de son côté relativement artificiel et de l’impact qu’elle a tant sur les mères que sur les pères. Nous avons également évoqué les pressions sociales et économiques qui sont liées au rôle de la mère aujourd’hui.

Mais le bien-être maternel n’est pas une utopie, même si l’instinct maternel s’avère être une contrainte plus qu’autre chose. Il existe des façons d’aider les mamans à s’en défaire et à prendre soin d’elles ainsi que de leur enfant. Pour éviter de faire un article trop complexe, j’évoque ici uniquement le cas d’une cellule familiale « standard ». Je vous remercie de votre compréhension.

Une parentalité consciente et informée

Plusieurs personnes rassemblées dans une pièce participent à une formation animée par une jeune femme, qui montre des post-it colorés sur un tableau blanc.
Photo de Jason Goodman sur Unsplash

Si l’on souhaite se débarrasser de la notion d’instinct maternel, il faut la remplacer par autre chose, un outil qui aidera véritablement les mères à apprivoiser leur rôle. Un outil pas si nouveau que cela, mais que l’on redécouvre grâce à l’ère numérique et de l’information de masse : l’éducation parentale.

De tous temps, les mères se sont éduqués à devenir mères. Mais à l’heure de l’éclatement géographique et relationnel des familles, les mères sont très souvent confrontées à la maternité pour la première fois quand vient leur tour. Ce que le traditionnel cercle familial ne peut plus faire, internet et les livres peuvent aider à le compenser. Il existe aujourd’hui des milliers de sites et d’articles de presse ou de recherches qui permettent d’obtenir les précieuses informations qui leur manquent.

Grâce à internet, mais aussi à toutes les publications de plus en plus nombreuses autour de la santé mentale parentale et de l’accompagnement maternel non médical (les doulas sont de plus en plus nombreuses en complément des sage-femmes et des gynécologues), il est plus facile que jamais de se former à la parentalité.

Si j’insiste sur le terme de parentalité, et non de maternité, c’est parce que l’un des axes majeurs de cette éducation parentale réside dans l’acceptation du rôle de chacun.

Une maman n’a pas « besoin d’aide » : elle a besoin que chacun joue son rôle. Le père, les grands-parents, les nounous et autres métiers de l’enfance, le personnel médical, etc. Tout le monde doit faire sa part. Il est vital que l’on arrête d’attendre de la mère qu’elle fasse tout toute seule, et que l’on considère son sacrifice comme allant de soi.

Le fait que, souvent, la mère compense l’absence des autres pour le bien de son enfant ne signifie absolument pas que c’est normal, et encore moins qu’elle est en mesure de le faire sans y perdre pas mal de plumes.

Quelques pistes pour se renseigner

Parmi les ressources qui m’ont aidées, en voici certaines que je vous recommande très chaudement. N’hésitez pas à m’indiquer en commentaire si vous souhaitez que je vous les présente plus longuement dans des articles dédiés.

Parmi les lectures, je vous recommande sans hésiter les livres « La vie rêvée du Post-partum » et «Le post-partum dure 3 ans », d’Anna Roy. Très connue pour ses chroniques dans l’émission des Maternelles, Anna Roy est LA sage-femme préférée des français, et ce n’est pas pour rien. Ses conseils sont précis et précieux et permettent de comprendre ce qu’est le post-partum. Cependant, je trouve qu’il s’agit d’une approche très axée sur le côté médical. C’est très utile, mais peut-être pas suffisant pour tout le monde.

Le livre  « Post-partum, Paroles de mères » de Réjane Ereau est un recueil de témoignages de mamans qui aide à se sentir moins seule. Il permet aussi d’apprivoiser ses propres expériences du sujet. Dans la même veine, j’ai adoré « Ceci est notre post-partum » de Illana Weizman.

En terme de videos, je recommande très vivement la série documentaire « Post Partum » d’Eve Simonet, sur la plateforme On-suzane.com. Il est payant mais croyez moi, si vous ne devez regarder qu’un seul média, c’est celui-là. Il m’a bouleversée et m’a soulagée de façon absolument magique et inattendue. C’est intime, émouvant, juste, révoltant, inspirant. C’est une des raisons pour lesquelles je fais ce blog aujourd’hui et j’espère sincèrement avoir un jour l’honneur d’interviewer Eve Simonet.

Je vous invite également à regarder le film « A la vie », d’Aude Pépin, sur Amazone Prime Video. Elle suit la sage-femme Chantal Birman dans l’exercice de ses visites à domicile. Si Anna Roy est la star des sage-femmes, Chantal Birman est la papesse de ce métier. Sagesse incarnée, expérience et bienveillance, c’est un reportage qui fait du bien et qui ouvre les yeux sur l’accompagnement des mères en post-partum. Ce visionnage m’a beaucoup remuée également, et a provoqué pas mal de prises de conscience pour la jeune mère que j’étais. C’est aussi une des raisons de l’existence de ce blog.

Il existe des format audio sous forme de podcasts gratuits qui permettent de les consommer plus facilement quand on est une maman qui vient d’accoucher. Je vous recommande en particulier « Matrescence », de Clémentine Sarlat. Elle parle des transformations physiques et mentales chez la maman au cours du post-partum et ses interviews font intervenir des grands noms et des spécialistes reconnus de la maternité et de la périnatalité. Inspirant, instructif, j’adore !

Anna Roy propose également une lecture synthétique mais très personnelle et émouvante du post-partum dans son podcast « Sage Meuf », que j’ai beaucoup apprécié. Il a le mérite d’être assez court à consommer, tout en apportant beaucoup des éléments de son premier livre à travers sa propre expérience de la maternité.

Enfin, je vous recommande également le podcast « Bliss Stories », de Clémentine Galey. Il s’agit principalement de témoignages de mamans sur leurs expériences de maternité. C’est un podcast très précieux pour se sentir moins seule et s’accepter en tant que mère, surtout pendant la grossesse.

Des parents isolés

Par le passé, les familles vivaient souvent ensemble sur plusieurs générations. Il n’était pas rare que les jeunes filles soient amenées à aider une maman dans leur entourage en prenant soin des enfants (les petits et les grands) pour la décharger un peu. Il était tout aussi courant que la maman soit entourée de soin juste après la naissance, et c’est une pratique qui existe encore dans de nombreux pays de nous jour, sous le concept du Mois d’Or. Les futures mamans étaient déjà formées, par la proximité d’autre mères et par l’expérience directe des soins aux enfants.

Selon une étude conjointe de la Fondation de France et de l’Observatoire de la Philantropie en 2022, 50% des français se sentaient isolés, dont 6% tous les jours et 14% souvent. Ces chiffres traduisent une atomisation des relations familiales et amicales, dont les parents, et en particulier les mères, souffrent également.

L’une des raisons pour lesquelles les parents doivent aujourd’hui s’éduquer à la parentalité, c’est parce que notre société occidentale moderne ne permet plus la transmission transgénérationnelle des savoirs autour de la maternité. Elle ne permet plus non plus à la maman d’être entourée comme elle en a besoin. Rappelons que traditionnellement, au moyen-âge, le rôle de la maman était partagé entre plusieurs personnes de références. Avant cela, le modèle social de l’être humain a toujours favorisé la maternité dans un groupe et non la maternité solitaire à laquelle le modèle industriel nous a contraints.

Les mères se retrouvent à devoir porter toute seule tous les rôles et ne plus avoir de temps pour prendre soin d’elles. D’autant moins lorsqu’elles doivent aussi pourvoir aux finances du foyer, qu’elle soit en couple ou seule. Les pères, avec les nouvelles injonctions modernes, doivent s’impliquer davantage dans l’éducation des enfants tout en continuant à être les pourvoyeurs et à faire bonne figure sur le marché du travail. Ajoutons à cela les injonctions d’épanouissement personnel (« tu dois être heureux puisque tu vis dans une époque d’abondance »), professionnel (« on s’est battu pour que tu puisses travailler donc tu dois travailler» pour les femmes) et de parentalité moderne (« tu dois être un parent bienveillant, présent, aimant ») …

Tant de contraintes contradictoires ne peuvent que conduire à des comportements désordonnés et paradoxaux chez les parents modernes…Et à une inévitable culpabilité face à l’impossibilité d’être parfait. On veut tout faire, être partout à la fois, tout en étant profondément seuls face à cette parentalité toute neuve. A quel prix ?

Briser la solitude

Photo de Helena Lopes sur Unsplash

Il est important pour les parents de trouver comment s’entourer pour ne pas être seuls face à toutes ces contraintes et injonctions sociales et économiques. Il n’y a absolument aucun mérite à galérer tout seul et à s’épuiser mentalement et physiquement lorsqu’on peut se faire aider. Vous avez le droit de prendre soin de vous !

Quand c’est possible, le soutien familial et amical reste évidemment très important. J’ai appris, en devenant maman, qu’un des plus beaux cadeaux que l’on peut faire à une jeune maman, c’est tout simplement de lui apporter un repas, de faire la vaisselle, de passer quelques heures avec elle pour l’aider dans son ménage ou lancer et étendre une lessive… Plus encore qu’un parfum ou un millième body pour bébé-trésor, je vous promets que ces attentions feront beaucoup pour soulager et apaiser une jeune maman. Elle a besoin de votre présence et de votre écoute bien plus que de vos conseils et de vos jugements.

Il est possible aussi de se faire aider par différentes instances en place pour que les parents, en particulier les mamans, ne soient pas livrées à elles-mêmes.

La Protection Maternelle et Infantile (PMI) est gratuite et possède des agences dans toutes les régions pour aider les parents jusqu’aux 6 ans de leur(s) enfant(s). Psychologue, sage-femme, conseiller conjugal… Les aides sont multiples et gratuites, alors n’hésitez pas à y faire appel en cas de besoin.

De nombreuses associations, comme les Clubs Poussettes (issus de l’initiative d’Eve Simonet), offrent des espaces d’échanges et de partage particulièrement bienveillants pour les mamans.

Il existe également des droits ouverts auprès de la CAF pour des aides à domicile, en fonction des revenus du foyer, notamment avec le dispositif Prado. N’hésitez pas à vous renseigner et à en faire la demande. La CAF finance aussi des Lieux d’accueil enfants-parents (Laep) pour permettre aux parents de sortir de chez eux et de trouver une communauté locale à leur écoute.

La liste n’est pas exhaustive, mais sert à présenter les alternatives les plus courantes à la solitude. Ne vous laissez pas happer par la fatigue et l’isolement, il y a des solutions !

Les réseaux sociaux, fausse solution ?

Il est facile de se reposer sur les réseaux sociaux pour tenter de briser la solitude, mais je ne le recommande pas. Par expérience, les réseaux sociaux poussent souvent à se comparer. Cela à tendance à augmentent les complexes et le sentiment de culpabilité par rapport à des parents qui semblent ne rencontrer aucun de nos problèmes. Si vous choisissez d’utiliser les réseaux sociaux, je vous recommande de faire un tri drastique dans les comptes que vous suivez afin de ménager votre santé mentale.

Si vous rejoignez des groupes de discussion, je vous invite à faire attention à ce que la charte soit claire et que des modérateurs veillent à son respect. Ces groupes peuvent vous aider, mais aussi vous tirer vers le bas s’il ne s’agit que d’un espace de plaintes continuelles et d’appels à l’aide qui peuvent nécessiter l’aide de professionnels : ces discussions peuvent devenir très anxiogènes. J’en ai malheureusement fait l’expérience, avant d’apprendre à trier très attentivement les groupes dans lesquels je choisis de m’exprimer. Dans un trop grand groupe, les gens vont vouloir se confier et se « lâcher » comme auprès d’amis proches, et peuvent ne pas recevoir l’écoute et la bienveillance à laquelle ils s’attendent, ce qui peut entraîner un malaise grandissant et une violence verbale parfois très toxique.

D’expérience, de petits groupes homogènes et proches valent mieux que de grands groupes d’inconnus. N’hésitez pas à partager vos avis et vos expériences personnelles sur ce sujet dans les commentaires.

En conclusion, l’instinct maternel est une joyeuse utopie qui nous aurait probablement facilité la vie à toutes et à tous. Malheureusement il ne fait que créer un carcan d’injonctions et de charge mentale qui peuvent transformer la vie d’une jeune maman en un véritable enfer dont ni elle ni son enfant, ni sa famille ne sortiront indemnes.

Il faut à mon sens faire le deuil de cette facilité théorique et se tourner vers des solutions concrètes et pratiques, adaptées aux contraintes de notre société actuelle tout en tenant compte des besoins des jeunes parents, en particulier des jeunes mamans. Le mal-être maternel n’est pas une fatalité !

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