Lorsque l’on souhaite devenir parent, quelle qu’en soit la motivation, nous avons souvent le souhait de devenir de bons parents. Même si la définition d’un bon parent dépend de paramètres aussi multiples que personnels, nous tendons tous à vouloir exprimer le meilleur en nous et à transmettre ce que nous estimons le plus important à nos enfants. En tant que maman, dans la période charnière du post-partum, ce besoin de bien faire est d’autant plus important qu’il est alimenté par le phénomène de la matrescence.
Dans cet article, nous allons explorer ensemble quelques idées contre-intuitives autour de la parentalité, afin de vous aider à avoir une approche plus bienveillante et épanouissante de votre post-partum et de votre rôle de parent en général.
Les dangers du perfectionnisme durant le post-partum
Bien qu’il prenne ses racines dans le désir de prendre soin de nos enfants de notre mieux, le perfectionnisme est l’expression de standards si élevés qu’ils deviennent extrêmement difficiles à atteindre. Dans le post-partum, la maman a souvent le soucis d’être aux petits soins pour son enfants, parfois au détriment d’elle-même. Pourtant, dans cette période de convalescence tant physique que mentale, il est primordial de se rappeler de l’allégorie de l’avion : en cas de soucis, il est impératif de mettre d’abord le masque à oxygène sur vous puis sur votre enfant. Pourquoi ? Parce que si vous tombez dans les pommes, vous ne pouvez plus aider personne !
La maternité répond exactement à la même règle, comme nous l’avons évoqué dans l’article sur la nécessité de prendre du temps pour soi.
Le mythe de l’instinct maternel, mais aussi la pression sociale et culturelle autour du rôle de la mère sont autant de terreaux qui transforment un perfectionnisme « bien intentionné » en fardeau extrêmement pesant. Lorsqu’il vous vient l’idée qu’il « faut » faire quelque chose, posez-vous la question : d’où vient cet impératif ? Est-ce que ça vient de vos conviction ? Est-ce parce qu’on vous l’a dit ? Est-ce parce que vous avez vu faire et que vous reproduisez « par défaut » ou « dans le doute » ? Si la motivation à faire quelque chose ne vient pas de vous, ou n’est pas en accord avec vos valeurs, cela peut à terme vous poser quelques problèmes de stress.
Et ce n’est pas anodin, car près d’une maman sur trois finit par souffrir d’anxiété persistante et handicapante, allant parfois même jusqu’à la dépression post-partum.
La dépression post-partum est un trouble sérieux, qui peut prendre des années à être traité et impacter de façon durable non seulement la maman, mais aussi le développement de l’enfant et les relations familiales dans leur ensemble. C’est un sujet tellement important à mes yeux qu’il est l’un des fondements de la création de ce blog.
L’apprentissage par l’erreur : devenir parent ça s’apprend
Contrairement à ce que l’on pense, devenir parent n’est pas instinctif. Nous avons bien des instincts qui nous poussent à prendre soin de l’enfant, surtout dans les premières années, et heureusement pour la survie de ce petit bout si totalement dépendant de nous. Cependant, être parent, c’est autre chose : à la croisée entre nos valeurs personnelles et notre culture, avec une grosse cuillère à soupe de modèles sociaux dans lesquels nous baignons au quotidien, le rôle de parent est une recette unique pour chaque duo parent-enfant. Au sein d’un même couple, devenir parent peut signifier des choses radicalement différentes pour les partenaires, selon leur propre histoire et leur propre système de valeurs.
Mais il ne faut surtout pas oublier qu’on ne devient pas parent tout court : on devient le parent d’un enfant. Devenir parent, c’est entrer dans une relation toute nouvelle avec un être dont on a tout à découvrir. La parentalité, c’est avant tout l’histoire de relations en construction et en mouvement : la relation avec votre enfant, avec votre partenaire, avec vos propres parents, avec vous-même, avec votre histoire, etc. C’est pour cela notamment que la matrescence entraine une transformation identitaire profonde.
Devenir parent est donc un processus d’apprentissage à plusieurs niveaux : on découvre l’enfant, le rôle de parent, la nouvelle dynamique du couple. On découvre aussi que nos idées et nos idéaux ne fonctionnent pas forcément bien avec la réalité, et nécessitent que l’on s’adapte.
Accepter avec bienveillance que devenir parent est un processus d’apprentissage permet de s’autoriser à faire des erreurs. Puisqu’il n’existe pas de science infuse de la parentalité, et puisque nous apprenons à connaître notre enfant au fur et à mesure que nous vivons avec lui, les erreurs sont non seulement inévitables mais nécessaires pour se construire en tant que parent de notre enfant.
La perfection n’est pas là où on le croit
Dans la maternité, certaines choses sont assez paradoxales et contribuent d’ailleurs à créer parfois une confusion assez stressante chez les jeunes mamans.
L’exemple typique, c’est de se lever 10 fois pour vérifier que bébé dort. Cela va ruiner votre propre sommeil, risquer de réveiller votre enfant et surtout saper vos forces pour le prochain réveil du précieux trésor. Et pourtant, je connais très peu de mamans qui peuvent s’en empêcher, surtout les premières semaines. C’est tout à fait légitime en tant que jeune maman, même lorsqu’on connaît les statistiques de mort subite du nourrisson (seulement 0,03% des naissances). Cependant, si cette habitude perdure au delà des premières semaines, elle provoquera des conséquences plutôt graves sur la santé physique et mentale de la maman. Cela peut même aller jusqu’à l’empêcher de pouvoir prendre correctement soin de son enfant, ce qui est pile le contraire de l’objectif initial !
Un autre exemple assez récent, c’est le nettoyage des fesses rebondies de votre petit trésor. Avec la modernisation, de nombreux produits ont fleuri, avec toute une gamme d’avantages marketings alléchants. Parfois c’est hydratant, ça sent bon, ça désinfecte, et j’en passe. Les lingettes pré-imbibées permettent aussi un confort certain pour les mamans, qui s’en servent sans hésiter à chaque change de bébé. C’est ainsi que sont apparues certaines affections chez les nouveaux-nés. Leurs fesses fragiles imbibées par tant de produits et tant de nettoyages (un bébé peut changer entre 8 et 10 fois de couches au début) finissent par s’irriter et s’infecter. En voulant trop bien faire, certaines mamans se retrouvent avec des fessiers rougis et des bébés en pleurs sans comprendre l’origine de cette situation. Après tout, elles ont voulu bien faire : elles ont nettoyé avec amour le popotin de leur progéniture, avec le meilleur produit du marché.
Pourtant, si j’en crois cet article de la CPAM sur le soin aux nourrissons, une simple toilette à l’eau et au savon fait largement l’affaire !
Attention : je ne dis pas que les lingettes sont à bannir : j’en utilise moi-même lorsque les circonstances l’exigent (en sortie, en visite, chez le médecin, etc). Cependant, j’avoue que je prône leur usage limité afin de ne pas trop abîmer les fesses de nos bambins.
Cet exemple peut s’étendre à beaucoup d’autres éléments du soin au bébé et de la maternité en général : bombardés par les injonctions marketing, nous voulons acheter et proposer le meilleur à notre enfant. Mais parfois, le meilleur n’est pas ce que l’on croit.
L’autre exemple qui me tient à cœur, c’est le transat. Le transat est une révolution pour les mamans et a permis de libérer leurs bras tout en proposant un cocon apaisant pour bébé. Enfin ça, c’est la théorie.
Sur la base de ce concept, vous pouvez désormais trouver des transats électroniques qui bercent le bébé en lui chantant des berceuses. Parfois, les mamans le posent dedans et l’observent en lisant à côté. Pourtant, les découvertes récentes sur le lien d’attachement (1) montrent qu’il n’existe rien de plus bénéfique et de plus apaisant pour un enfant que le contact physique avec son parent. Par ailleurs, si on laisse l’enfant trop longtemps dans le transat, on risque d’empêcher son besoin de bouger et donc d’impacter négativement son développement moteur. Beaucoup de professionnels de la périnatalité appuient désormais l’importance de la motricité libre dans le développement moteur des bébés.
Une fois encore, le mieux semble pencher vers la simplicité. Les professionnels de la santé encouragent le peau à peau et le portage pour mieux apaiser l’enfant et libérer les mains des parents, pour le meilleur intérêt de tout le monde.
Et si au fond, dans la parentalité, la perfection se situait ailleurs que dans l’accumulation de techniques et de savoirs ? Et si la perfection, c’était parfois le chemin le plus simple ?
Conclusion
Ces réflexions pourraient s’élargir à plusieurs champs autour de la maternité, comme par exemple l’allaitement. C’est le terreau d’énormes pressions sociales et d’un tas de préjugés aussi contradictoires que contre productifs. Les femmes sont vivement encouragées à allaiter pour le bien de leur enfant. Mais les moyens mis en œuvres pour les y aider ne sont pas à la hauteur. Pire, elles sont souvent critiquées et mal vues lorsqu’elles osent allaiter leur enfant en dehors de chez elles (tout le monde sait qu’un bébé attend sagement le bon moment pour avoir faim).
Devons-nous également parler de toute l’industrie qui a fleurit autour de l’allaitement, alors que c’est un acte tout ce qu’il y a de plus simple ? Si l’allaitement peut nécessiter un accompagnement bienveillant et qualitatif pour bien démarrer, je doute qu’il y ait vraiment besoin de toute la batterie de machins et de bidules qu’on peut vous vendre sur le sujet. Allaiter, c’est avant tout une maman qui nourrit son enfant par son sein, ne l’oublions pas.
Bref, vous l’avez compris devenir parent, c’est accepter l’imperfection qui fait partie de notre nature humaine. C’est comprendre que nous entrons dans un processus d’apprentissage qui n’aura probablement pas de fin. Il sera coloré de joies immenses tout autant que de moments de doutes. Mais c’est aussi admettre que parfois, le mieux peut être l’ennemi du bien. La perfection peut se cacher dans des moments et des gestes d’une simplicité magique.
Aussi magique que votre histoire d’amour avec votre nouveau bébé.
Cet article a été écrit dans le cadre du carnaval d’articles organisé par madame-pas-de-soucis.fr sur le thème « Le perfectionnisme, un atout ou un frein à la réussite ? »
En tant que jeune maman, mais aussi en tant que femme, je suis certaine que vous n’êtes pas étrangère à la notion de charge mentale. Avez-vous l’impression de toujours courir, d’être débordée, de ne jamais parvenir à la fin de votre to-do list ? Votre stress est si fréquent et élevé qu’il commence à affecter votre bien-être physique et mental ? Alors je ne doute pas que vous y trouverez des conseils et astuces qui vous seront bien utiles.
Depuis 2017, Valérie, l’auteure de ce blog, a fait de ce sujet son cheval de bataille. Parmi ses articles, j’ai particulièrement apprécié les deux suivants que je vous recommande :
- Faire ses courses efficacement (parce qu’en tant que jeune maman, vous allez avoir autre chose à penser !)
- La communication non-violente (CNV) : un super outil contre la charge mentale, car la communication est l’une des clés fondamentales pour que le post-partum puisse se dérouler en toute quiétude
- Bowlby, J. (1989). La théorie de l’attachement. Psychopathologie du bébé, 1989, 165-1970.
