Dans l’article précédent, nous avons discuté du babyblues. Nous avons vu comment l’identifier, évoqué les mythes qui l’entourent et les moyens de le gérer au mieux. Parmi les mythes fréquents, il est courant de confondre le babyblues et la dépression post partum. C’est pourquoi dans cet article, nous allons voir comment faire la différence entre ces deux phénomènes qui concernent les mamans en post partum. Puis nous allons discuter des différentes façons de faire face à la dépression post partum elle-même.
Qu’est-ce que la dépression post partum ?
Pour pouvoir faire la différence, il est important de définir ce qu’est la dépression post partum.
Je précise qu’on ne peut pas réduire le post partum à la dépression post partum. Beaucoup trop de sources sur internet confondent les deux, et c’est une horrible erreur. Le post partum est la période qui suit l’accouchement, et elle n’est absolument pas obligatoirement liée à une dépression ! Le post partum est parfois appelé « le Quatrième Trimestre », tant il est partie intégrante de l’expérience de la grossesse et de la maternité.
De nombreuses mamans vivent un post partum certes fatiguant mais qui se déroule parfaitement bien. Je suis personnellement choquée qu’on puisse faire cet amalgame. C’est pourquoi je voulais absolument souligner cette différence. Le post partum et la dépression post partum sont deux choses absolument distinctes.
Loin d’être une simple prolongation du babyblues, la dépression post partum est une condition médicale réelle et sérieuse, qui affecte la santé mentale de certaines mamans. Selon les statistiques et les instituts de sondages, on estime qu’entre 20 et 30% des mamans en sont victimes. J’attire votre attention sur le fait que ces statistiques ne parlent que des mamans qui acceptent de répondre : on sait que la dépression post partum fragilise les personnes qui en sont atteintes, et il peut arriver que la maman refuse d’en parler ou de le reconnaître pour de multiples raisons. Il est donc assez facile d’imaginer que le taux est bien supérieur si on tient compte de celles qui se taisent.
Quels sont les symptomes de la dépression post partum ?
Contrairement au babyblues, elle n’apparaît pas forcément dans les premiers jours qui suivent l’accouchement. En général, elle apparaît au bout de 4 semaines au minimum, et peut apparaître n’importe quand dans la première année du post partum.
Elle se caractérise par plusieurs signes explicites :
- Une tristesse persistante : au delà des montagnes russes des premiers jours, le sentiment de tristesse s’installe durablement et semble faire partie du quotidien. Il est difficile d’en trouver la cause, elle semble tout simplement être là, tout le temps, colorant votre quotidien d’un voile gris qui vous pèse.
- Un désintérêt pour les activités du quotidien : difficile pour vous de trouver la motivation pour faire les choses les plus ordinaires et routinières. Cela vous demande une énergie dont vous ne semblez pas disposer, ou vous n’en voyez simplement plus le sens. En tous les cas, votre quotidien devient difficile à gérer et à supporter. Même les choses qui vous enthousiasmaient avant vous laissent de marbre ou vous ennuient.
- Un sentiment d’inutilité : des pensées négatives vous envahissent et tournent en rond dans votre tête. Votre confiance en vous diminue fortement, vous doutez de vous et de votre capacité à être une bonne mère. Ces pensées vous minent et rendent chaque décision et chaque action plus difficile.
- Des troubles du sommeil et de l’appétit : outre le manque de sommeil induit par le rythme de votre nouveau-né, vous avez du mal à trouver le sommeil malgré la fatigue. Certaines mamans perdent l’appétit, ce qui peut causer des problèmes sérieux non seulement pour elle mais pour l’enfant, en cas d’allaitement.
Comparaison entre le babyblues et la dépression post partum
Maintenant que nous avons identifié clairement les signes de la dépression post partum, voyons comment elle se distingue du babyblues.
Les deux phénomènes partagent des similitudes dans les manifestations émotionnelles qu’elles entrainent : la tristesse, la démotivation générale, le fait de se sentir incompétent ou insuffisant.
Cependant, il existe une grande différence dans leur durée, leur intensité et la persistance (c’est-à-dire le fait qu’elles ne s’effacent pas facilement face à une autre émotion).
Durant le babyblues, les émotions négatives sont bel et bien présentes, mais elles alternent avec des périodes plus douces, plus sereines. Dans la dépression post partum, les émotions négatives sont bien plus présentes et persistantes.
Par ailleurs, nous l’avons déjà évoqué, mais le babyblues se déclare immédiatement après l’accouchement et ne dure que quelques jours. Il disparaît au maximum après 2 semaines. Au contraire, la dépression post partum met du temps à s’installer mais peut durer des années.
Dans tous les cas, il est extrêmement important de chercher de l’aide auprès des professionnels de santé qui vous entourent. Ils vous aideront à clarifier vos symptômes et à mettre des mots sur ce que vous vivez. Mais il pourront aussi vous donner des outils pour diminuer l’impact négatif de la dépression sur votre vie, et faciliter votre guérison et votre retour à une vie normale.
Facteurs de risque face à la dépression post partum
Pour des raisons diverses et personnelles, certaines femmes sont plus susceptibles que d’autres de déclarer une dépression post partum après l’accouchement. Connaître certains de ces facteurs peut aider à la prévenir, et à alerter notre entourage (familial, amical, médical) au besoin.
Parmis ces facteurs, voici les plus courants (la liste n’est pas exaustive) :
- Antécédents personnels ou familiaux : si vous-même ou un de vos proches a déjà traversé une dépression ou a été victime de troubles de la santé mentale, c’est un terrain favorable au développement d’une dépression post partum. Si vous avez déjà été suivi pour un trouble de santé mentale, soyez vigilante sur les symptômes que nous avons listés plus hauts. Si quelqu’un dans votre entourage est victime de troubles de la santé mentale, faites attention. Votre vulnérabilité émotionnelle durant le post partum peut vous rendre perméable aux états mentaux d’autrui et vous impacter plus que vous ne le pensez.
- Changements hormonaux : lors de la grossesse et du post partum, l’équilibre hormonal de la maman varie énormément pour aider son corps et son esprit à s’adapter à son nouveau rôle de mère. Ces changements ont un impact direct sur notre biologie, et sur notre fonctionnement mental. Chez certaines personnes, cela peut entrainer une fragilité face à la dépression post partum. Si vous avez des antécédents de suivi pour troubles hormonaux, soyez vigilante, car cela peut également jouer un rôle dans la survenue de la dépression post partum.
- Sources de stress autres que la maternité : si vous avez dans votre vie ou votre entourage des sources de stress supplémentaires à celles qui sont directement liées à votre maternité, c’est sans aucun doute un des facteurs de risques de la dépression post partum. La dépression naît d’une fatigue mentale et émotionnelle, qui peut tout à fait être provoquée par le stress environnant. Cela peut venir de votre situation professionnelle, financière, familiale. Cela peut venir aussi de votre couple, ou d’un problème de santé antérieur à la maternité. Pour ma part, j’avais un stress professionnel très élevé pendant toute ma grossesse et mon congé maternité. J’avais aussi beaucoup de pression que je me mettais toute seule, à cause de mon perfectionnisme et de tous les projets dans lesquels je m’étais lancée sans prendre en compte la fatigue de la matrescence. Prenez le temps d’examiner honnêtement si vous n’êtes pas en train de vous mettre une pression que vous n’êtes pas en mesure d’assumer pendant votre post partum.
Prenez le temps d’examiner l’équilibre de votre vie, l’influence des différents facteurs que nous venons d’évoquer sur votre santé mentale. N’hésitez pas à faire appel à des spécialistes pour vous aider à gérer ces facteurs le plus tôt possible : prévenir la dépression post partum est l’un des plus grand service que vous pourriez vous rendre en cette période de votre vie, pour vous-même, pour votre enfant et pour toute votre famille.
Quelques conseils pour faire face à la dépression post partum
Qu’elle soit déjà dans votre vie ou que vous soyez consciente des risques de tomber en dépression post partum, il existe des moyens de vous aider non seulement à en prendre conscience, mais également de vous aider à mieux traverser cette période.
L’auto-évaluation de la maman
Si vous prêtez attention à vos humeurs et à votre bien-être de façon générale, vous vous rendrez assez facilement compte que quelque chose cloche. Vous réaliserez peut-être que vos activités de détente ne vous détendent plus tellement. Les tâches quotidiennes dont vous aviez l’habitude commenceront à vous peser davantage qu’avant. Votre patience va s’amenuiser et votre enthousiasme fondre au soleil à mesure que votre humeur s’assombrira.
Si vous percevez ces changements, ou même si vous ne les percevez pas mais que vous êtes curieuse de votre santé mentale en post partum, vous pouvez procéder à une auto-évaluation de votre santé mentale.
Il existe un test, qui s’appelle le EPDS (Echelle d’Edimbourg) qui permet de faire une auto-évaluation de l’état dépressif d’une personne. Le site 1000 premiers jours propose ce test à faire en ligne en quelques minutes : tester votre santé mentale en quelques minutes.
Partager le fardeau émotionnel du post partum
L’une des meilleures façon de prévenir la dépression post partum, c’est de ne pas rester seule avec ses émotions. La période du post partum et la matrescence provoquent d’énormes changements chez la maman, qui conduisent à des tempêtes émotionnelles profondes et parfois difficiles à gérer. S’il existe des astuces pour vous aider à mieux les gérer, le mieux reste encore de vous entourer efficacement.
Que ce soit auprès de votre famille, de vos amis, de personnes de confiance autour de vous, de professionnels de santé, n’hésitez pas à parler de vos ressentis, de vos émotions, des pensées négatives qui peuvent vous traverser. Laissez-les vous aider à naviguer cette tempête pour qu’elle ne vous affecte pas durablement. Je radote, et ce n’est pas à cause de l’âge : je pense qu’on ne dira jamais assez combien il est primordial de s’entourer efficacement durant cette période, et de ne pas s’isoler avec son mal-être. C’est tellement important !
Demandez à votre médecin, et il pourra déclencher le dispositif « Mon soutien psy » (séances de soutien psychologique) pris en charge par la CPAM.
Vous pouvez aussi trouver des professionnels directement :
- sur www.sante.fr
- auprès de votre PMI (protection maternelle et infantile) : il existe des antennes locales un peu partout en france et c’est gratuit !
- Auprès du CMP (centre médico-psychologique) le plus proche : là aussi il existe des antennes locales un peu partout.
Vous pouvez aussi compter sur les réseaux de soutien en ligne autour de la maternité.
Par exemple, sur internet, il existe des sites comme l’association Maman Blues (https://www.maman-blues.fr/ ), reconnue d’utilité publique, et qui fait de l’accompagnement des mamans sa priorité.
Vous pouvez aussi vous aider de l’application proposée par le site des 1000 premiers jours pour poser vos questions et être soutenue dans votre maternité.
Dans un autre registre, je vous conseille également l’application payante May, qui regroupe des professionnels de santé pour vos procurer des conseils adaptés chaque jour à votre situation.
La liste est très loin d’être exhaustive, mais j’espère que ces quelques pistes vous seront déjà utiles et vous rassureront sur le fait que vous n’êtes pas seule face à la dépression.
Conclusion
Nous avons pu établir les différences très claires entre le babyblues et la dépression post partum. Dans cet article, j’ai tenté de vous apporter aussi des éléments pour vous permettre d’anticiper la dépression post partum et d’éviter qu’elle ne vienne vous compliquer la vie. Si toutefois vous en êtes victime, ne vous culpabilisez pas ! C’est le signe que vous avez besoin d’aide, que vous n’allez pas bien et qu’il faut prendre soin de vous. La dépression post partum n’est pas un signe de faiblesse de votre part. Au contraire, c’est souvent lorsqu’on essaie un peu trop fort qu’on finit par dépasser les limites de nos ressources physiques et mentales. C’est ainsi qu’on peut sombrer dans la dépression post partum.
Mais si vous m’avez déjà lue sur ce blog, vous connaissez ma phrase préférée : la souffrance n’est pas une fatalité ! Ce blog existe pour vous aider à prendre conscience non seulement des risques qui pèsent sur votre santé mentale, mais aussi des ressources dont vous disposez pour prendre soin de vous et y faire face.
Alors chères mamans, prenez grand soin de vous, chérissez votre post partum et transformez la en une période de bienveillance et de douceur. Vous le méritez !