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Bien dans ma tête

Vaincre sa peur de demander de l’aide pendant le post partum

Après avoir discuté de ce qu’était le post partum et des raisons pour lesquels il était si crucial de prendre soin de soi pendant cette période charnière, il reste un sujet majeur qu’il reste à évoqué. Car bien souvent, dans ces moments où l’on se sent vulnérable, demander de l’aide peut sembler difficile, voire impossible. Pourquoi est-ce si compliqué d’exprimer nos besoins ? Pourquoi avons-nous parfois l’impression de devoir tout gérer seules, malgré le poids de la fatigue et des responsabilités ? Comment vaincre cette peur de demander de l’aide ?

Pour l’avoir vécu moi-même, je sais combien il est crucial, mais aussi complexe, de demander de l’aide. Cet article est là pour vous montrer que vous n’êtes pas seule dans cette situation. Pour de multiples raisons, nous avons toutes nos freins qui nous retiennent. Mais j’aimerais vous aider à briser ces barrières et vous sortir d’un isolement que l’on s’inflige à soi-même. Demander de l’aide est non seulement un acte de courage mais aussi une étape essentielle pour votre bien-être et celui de votre bébé.

Pourquoi le soutien est essentiel pour les mamans en période périnatale

Nous en avons déjà parlé en détail dans notre précédent article sur le post partum, mais voici un résumé pour rappeler ces éléments importants en tête.

Comprendre les défis émotionnels et physiques

Émotions en montagnes russes

Après la naissance, il est normal de ressentir toute une gamme d’émotions intenses et parfois nouvelles. Un jour, on peut se sentir sur un petit nuage, et le lendemain, submergée par l’inquiétude. Ce tumulte émotionnel est naturel, d’origine hormonale en partie (c’est-à-dire d’origine physiologique et non seulement psychologique), mais il souligne l’importance d’avoir une épaule sur laquelle s’appuyer pour traverser cette tempête inédite.

La réalité du post partum

Les défis physiques, comme la récupération après l’accouchement, l’allaitement, ou simplement le manque de sommeil, peuvent se révéler éprouvants. Avoir quelqu’un pour partager ces responsabilités ou pour vous offrir un moment de répit va faire toute la différence.

Jeune maman épuisée
Photo by Sarah Chai on Pexels.com

Bénéfices Immédiats et à Long Terme du Soutien

Soulagement et réconfort

Le simple fait de savoir que vous n’êtes pas seule dans cette aventure peut alléger une grande partie de votre stress et de votre anxiété. Le soutien peut prendre différentes formes : un conseil rassurant, un geste pratique, ou simplement une présence qui écoute.

Construire un réseau de soutien durable

Chercher et accepter de l’aide tôt vous aide à établir un réseau de soutien solide pour les mois et les années à venir. Ces liens peuvent être précieux, notamment pour naviguer les défis futurs de la parentalité. Ils peuvent devenir des piliers importants non seulement pour vous en tant que maman, mais pour toute votre famille, y compris votre (vos) enfant(s).

Erreurs courantes à éviter

Le mythe de la super maman

Il est facile de tomber dans le piège de croire que vous devez tout faire par vous-même. Cette pression n’est ni réaliste ni saine, comme nous l’avions déjà évoqué en discutant de l’instinct maternel. Rappelez-vous que demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais de force.

La peur du jugement

Beaucoup d’entre nous hésitent à demander de l’aide par crainte d’être jugées. Pourtant, se rappeler que chacun a ses propres luttes et que demander de l’aide est un acte courageux peut aider à surmonter cette peur.

Pour l’avoir vécu moi-même, je peux vous assurer que trouver le courage de demander de l’aide a été l’un des tournants de ma période post partum. Non seulement cela m’a permis de me sentir moins isolée, mais cela a également renforcé mes liens avec ceux qui m’ont tendu la main. J’ai pu ainsi construire une amitié authentique et riche qui aujourd’hui encore me porte en tant que mère et femme, mais aussi renforcer mes liens de couple. Au sein de ma famille, ma maternité m’a permis d’avoir des relations très différentes, parfois bien plus profondes, avec certaines personnes. J’ai eu l’impression d’avoir enrichi certaines relations que j’ai pourtant eues toute ma vie.

Déconstruire les mythes autour de la maternité

La maternité est entourée de mythes et d’idées reçues qui peuvent nous faire hésiter à demander de l’aide. Voici quelques suggestions sur comment les déconstruire.

Stigmatisation et attentes culturelles

La pression d’être parfaite

Nous sommes souvent confrontées à des images idéalisées de la maternité dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ces représentations peuvent nous faire sentir comme si nous devions être des mères parfaites, toujours heureuses et entièrement dévouées à nos enfants, sans jamais ressentir de fatigue ou de doute. Il est essentiel de se rappeler que ces images ne représentent pas la réalité complexe et nuancée de la maternité. Ces personnes ne nous montrent que ce qu’elles souhaitent que l’on voit et nous cachent une grande partie de leur vie quotidienne.

wonderwoman maman
La maman que la société voudrait que l’on soit :p

Le jugement social

Parfois, la peur du jugement par notre famille, nos amis ou même la société peut nous empêcher de demander de l’aide. Il est important de reconnaître que chacun a ses propres opinions et que votre bien-être et celui de votre bébé sont prioritaires. C’est votre histoire, et vous avez le droit de l’écrire comme vous le souhaitez pour votre bien à tous les deux, ainsi que votre cellule familiale.

Fausses croyances vs. réalités

Demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse

L’un des plus grands mythes est que demander de l’aide signifie que vous n’êtes pas capable de gérer la maternité. En réalité, cela montre que vous êtes assez réaliste et honnête avec vous-même pour reconnaître vos limites, et assez sage pour savoir que le soutien peut rendre l’expérience post partum plus gérable et agréable.

Une bonne mère sait instinctivement quoi faire

Un autre mythe courant est l’idée que l’instinct maternel vous donnera toutes les réponses. Je vous invite à revoir la trilogie d’articles que j’ai rédigées sur ce sujet : l’instinct maternel est une construction politique et sociale. Même s’il y a quelques fondements biologiques, la plupart des « qualités » rattachées à l’instinct maternelle ne sont en réalité que des idéaux ou des fantasmes. Il n’y a pas de mode d’emploi fourni à l’accouchement, hélas !

Comprendre le vrai besoin de soutien

Soutien émotionnel et pratique

Le soutien ne se limite pas à l’aide pratique comme les tâches ménagères ou les soins au bébé. Le soutien émotionnel est tout aussi crucial. Avoir quelqu’un à qui parler de vos craintes et de vos doutes peut vous aider à vous sentir comprise et moins seule. Cela aura pour effet de réduire votre stress et la pression psychologique autour de la maternité, et donc de vous permettre d’être mieux présente et plus sereine dans votre quotidien.

Chaque expérience est unique

Votre besoin de soutien sera différent de celui des autres mères, puisque chaque post partum est différent. Il est important de reconnaître et d’accepter ce qui vous aidera le plus, sans vous comparer aux autres. Tout ce qui importe, au fond, c’est que vous le viviez bien, vous et votre enfant.

Ma propre expérience est un petit peu mitigée, puisque j’ai très tôt chercher l’aide des professionnels, avant de chercher d’autres formes d’aides autour de moi devant les limites évidentes de l’accompagnement médical (presque inexistant) après l’accouchement. J’ai eu la chance de me trouver bien entourée par des groupes de soutien. Je n’ai pas eu la chance de pouvoir me reposer sur ma famille, pour des raisons diverses et variées (notamment la distance géographique). Mais je vous encourage très vivement à faire participer vos proches à cette aventure, si c’est possible (et positif) pour vous.

Stratégies pratiques pour demander et recevoir de l’aide

Reconnaître que l’on a besoin d’aide et savoir comment la demander sont les premiers pas vers une période post partum plus équilibrée et épanouissante.

Reconnaître ses besoins

Écoutez-vous

Prenez un moment pour vous interroger sur vos sentiments et vos besoins. Sentez-vous submergée, épuisée, ou avez-vous besoin de temps pour vous ? Reconnaître ces besoins est la première étape pour les communiquer aux autres. Pensez à vous accorder des petits moments pour pouvoir vous écouter et prendre soin de vous.

Acceptez vos limites

Comprendre que vous ne pouvez pas tout faire seule est fondamental. Accepter vos limites ne signifie pas que vous échouez, mais que vous êtes humaine. C’est le point de départ pour construire un réseau de soutien solide.

main tendue pour aider

Guide pas à pas pour trouver du soutien

Exprimez vos besoins clairement

Lorsque vous demandez de l’aide, soyez aussi claire et précise que possible. Par exemple, au lieu de dire « J’ai besoin d’aide », essayez « Pourrais-tu garder le bébé pendant que je prends une douche ? ». Des consignes claires aident les autres à répondre à vos besoins sans créer de frustrations inutiles, tant pour vous que pour eux (car ce n’est jamais agréable de se plier en quatre et de voir nos efforts mal accueillis). Cela permet de mettre de l’huile dans les rouages de la communication.

Identifier les sources de soutien

Pensez à toutes les personnes dans votre entourage qui pourraient vous offrir du soutien, qu’il s’agisse de votre partenaire, de votre famille, de vos amis, ou même de voisins. N’oubliez pas les groupes de soutien locaux, les services communautaires, et les professionnels de santé. Nous avons déjà évoqué l’association Maman Blues, mais il existe aussi la PMI (des agences régionales partout sur le territoire français), les LAEP (Lieu d’accueil enfants parents) ou encore le Club Poussette.

Établir une communication efficace

La communication est la clé pour recevoir le soutien dont vous avez besoin. Exprimez vos sentiments et vos besoins sans culpabilité ou honte. Rappelez-vous que vos proches ne peuvent pas deviner ce dont vous avez besoin, ou lire dans vos pensées (même si toutes les mamans en rêvent, moi y compris;) )

Élaborer un plan de soutien personnalisé

Planifiez à l’avance

Si possible, commencez à réfléchir à votre plan de soutien pendant la grossesse. Qui peut vous aider avec les tâches ménagères ? Qui peut vous offrir un soutien émotionnel et/ou logistique ? Avoir un plan peut vous donner une tranquillité d’esprit supplémentaire en allégeant votre charge mentale.

Soyez flexible

Vos besoins peuvent changer avec le temps. Soyez prête à ajuster votre plan de soutien en fonction de l’évolution de votre situation et de celle de votre bébé. Ne vous accrochez pas à l’idée que vous vous êtes fait d’un plan parfait ou de ce que devraient être les choses.

J’ai fait l’erreur au début de manquer de flexibilité, et je me suis très vite rendu compte de mon erreur. Je me sentais dépassée par tout ce que je n’avais pas anticipé. Comme c’était mon premier enfant, il y a plein de choses que je n’avais même pas imaginées et que je n’ai pas su comment gérer. En parallèle, ce que j’avais prévu ne s’est pas du tout déroulé comme je m’y attendais et tous mes plans sont tombés à l’eau. Avec le temps, j’ai appris à assouplir un peu mon fonctionnement et croyez-moi, ce fut le jour et la nuit ! J’ai appris à me constituer une « boite à outils« , un peu comme un énorme couteau suisse, plutôt que de choisir à l’avance un outil donné et de me retrouver le bec dans l’eau face à un problème inattendu.

Une maman débrouillarde
Une maman débrouillarde !

Surmonter les obstacles et trouver des réponses

Il est normal de rencontrer des hésitations ou des obstacles lorsqu’il s’agit de demander de l’aide. C’est tout l’objet de cet article, d’ailleurs, que d’en discuter et de proposer des solutions.

Adresser les craintes spécifiques

Peur du jugement

Beaucoup de nouvelles mamans craignent d’être jugées pour ne pas être à la hauteur ou pour avoir besoin d’aide. Rappelez-vous que demander de l’aide est un signe de maturité et de responsabilité. Ceux qui vous jugent ne voient pas l’ensemble de votre situation. Votre priorité doit être votre bien-être et celui de votre bébé. N’hésitez pas à vous faire accompagner d’un(e) coach ou d’un(e) psychologue pour vous aider à laisser aller votre peur du jugement. Elle ne fera que vous prendre l’énergie dont vous avez besoin pour vous occuper de vous et de votre enfant.

Sentiment de ne pas mériter d’aide

Certaines mamans se sentent indigne d’aide, pensant qu’elles devraient être capables de tout gérer seules. Sachez que chacun a besoin d’aide à un moment ou à un autre, surtout durant des périodes aussi intenses que le post partum. Vous n’êtes pas moins compétente ou aimante en demandant de l’aide. Au contraire, vous faites tout ce que vous pouvez, y compris chercher les réponses que vous n’avez pas auprès des gens qui peuvent vous aider. C’est aussi ça être maman.

Inquiétude face à l’acceptation d’aide de professionnels

Parfois, il peut être difficile d’accepter l’idée que nous avons besoin d’aide professionnelle, que ce soit pour des conseils en allaitement, une aide psychologique, ou tout autre soutien spécialisé. Se tourner vers des professionnels est une démarche sage qui peut offrir des solutions adaptées à vos besoins spécifiques. Par ailleurs, lorsque vous vous adressez à des professionnels ou à des associations de soutien spécialisées, ils voient des mamans en détresse tous les jours et savent comment y répondre. Ils savent que c’est la réalité de la maternité post partum et vous accueilleront avec la bienveillance dont vous avez besoin (même s’ils n’ont pas toujours toutes les réponses).

Conclusion

Pour terminer, revenons sur quelques points clés évoqués dans cet article.

  • L’importance du soutien : que ce soit pour votre santé mentale, votre bien-être physique, ou simplement pour avoir un moment de répit, le soutien est crucial.
  • Briser les mythes : vous n’avez pas à être une maman parfaite. Demander de l’aide est un signe de force, pas de faiblesse. Vous êtes déjà la meilleure maman pour votre enfant.
  • Stratégies pratiques : exprimez clairement vos besoins et n’ayez pas peur de vous tourner vers votre entourage ou des professionnels pour obtenir l’aide dont vous avez besoin.
  • Surmonter les obstacles : face à la peur du jugement ou au sentiment de ne pas mériter d’aide, rappelez-vous que votre bien-être est la priorité.

Maintenant que nous avons parcouru ensemble ces différentes étapes, je vous encourage à faire le premier pas, à passer à l’action. Que ce soit en parlant à un proche, en rejoignant un groupe de soutien, ou en prenant rendez-vous avec un professionnel, chaque petite action compte. Vous n’êtes pas seule, et il y a une multitude de ressources et de personnes prêtes à vous offrir le soutien dont vous avez besoin. Mais il ne tient qu’à vous de le découvrir !

N’oubliez pas : demander de l’aide est votre droit, et c’est un cadeau que vous vous faites, à vous et à votre famille.

Votre voyage est unique, et vos expériences peuvent éclairer et inspirer d’autres mamans qui se trouvent peut-être dans une situation similaire. Si vous vous sentez à l’aise, partagez vos histoires, vos défis, et comment vous avez trouvé du soutien dans les commentaires ci-dessous.

Si vous avez aimé cet article, n'hésitez pas à le partager ! ;-)

6 commentaire

  1. Je suis d’accord avec toi sur la peur du jugement car il est omniprésent. Et non, l’instinct maternel ne fait pas tout. Lorsque j’ai voulu allaiter le premier, j’étais démunie et me sentais nulle et seule car je n’avais pas eu d’exemple à suivre à ce niveau là. Heureusement que j’étais dans un pays pro allaitement et que j’ai vite reçu aide et bienveillance.

    1. Merci pour ton commentaire 🙂 Je suis curieuse de savoir dans quel pays tu as eu la chance de te trouver. J’ai beaucoup entendu parler des Pays-Bas et de leurs Kramzorg (pas sûre de l’orthographe ^^), par exemple !

  2. Merci pour ces conseils concrets et pratiques ! C’est super de libérer la parole sur les difficultés du post-partum pour déculpabiliser les jeunes mamans en cette période d’ascenseur émotionnel…

    1. Merci pour ton commentaire et pour ton retour qui m’encourage et me motive à poursuivre mes projets d’accompagnement périnatal 🙂

  3. C’est un vrai sujet ! Je crois que le mythe de la super maman est réellement un obstacle, et puis je me demande si ce n’est pas une habitude que l’on a prise depuis toujours… de se débrouiller seule. Prendre l’habitude de demander de l’aide dès le post partum c’est faire le bon choix, car même quand les enfants deviennent plus grands on en a toujours besoin.

    1. Merci pour ce commentaire ! Hélas, les mamans subissent des pressions de partout, et surtout d’elles-mêmes…J’espère vraiment pouvoir contribuer à faire éclater le mythe de la super maman et de l’instinct maternel pour leur rendre la liberté de vivre le post partum le mieux possible.

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