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Vie de famille

Les conseils non sollicités pendant le post-partum : utiles ou nocifs ?

Je suis certaine que toutes les mamans ont expérimenté ce phénomène à un moment ou l’autre de leur parcours de maternité. Que ce soit pendant la grossesse (voire même pendant la conception pour certaines), pendant le post-partum ou pendant toutes les phases de développement de nos enfants, c’est tellement récurrent qu’on en viendrait à croire que ça fait partie du jeu.

Et pourtant, je ne compte pas les fois où ces conseils non sollicités m’ont été rapportés comme des nuisances, voire même des attaques par les mamans avec qui j’en ai discuté. Moi-même, j’avoue en avoir vraiment eu par dessus la tête. La periode du post-partum nous rend sensibles et vulnérables, et rendent parfois ces intéractions encore plus difficiles. Mais pourquoi ?

Pourquoi les gens, hommes et femmes d’ailleurs, ressentent-ils le besoin de nous « offrir » ces conseils non sollicités? Pourquoi parfois sommes-nous si blessées par ceux-ci ? Est-ce quelque chose de mal en soi ? C’est ce dont nous allons discuter ensemble dans cet article.

Qu’est-ce qu’un conseil non sollicité ?

Il y a une différence absolument colossale entre un conseil et un conseil non sollicité : c’est la demande.

Lorsqu’on est dans une situation que l’on estime compliquée ou que l’on requiert l’avis et les conseils de quelqu’un, cela signifie plusieurs choses. D’abord, la personne qui demande est consciente de ses limites et de son besoin d’aide. Ensuite, elle s’adresse à une personne en qui elle a confiance et qu’elle estime : elle pense que cette personne va lui apporter une réponse de qualité. Enfin, elle reste libre de faire ce qu’elle veut de ce conseil : qu’elle l’applique ou non lui appartient.

Un conseil n’est que cela : un avis motivé par une demande et par le souhait d’aider quelqu’un à trouver une solution à un problème qu’il rencontre. Ce n’est pas une obligation d’obéir. Il ne s’agit pas un rapport de pouvoir. Ce n’est pas une occasion d’exposer son savoir. Un conseil est un cadeau, tout simplement. On offre un conseil à quelqu’un qui en a exprimé le besoin, et on fait confiance à cette personne pour qu’elle en use au mieux, selon son propre jugement.

A l’inverse, un conseil non sollicité n’implique aucune demande. C’est quelque chose qui vient sans qu’on l’attende. C’est un avis exprimé par une tierce personne, qui juge que vous en avez besoin. Cela implique plusieurs choses : la personne, en regardant votre situation, estime qu’elle n’est pas correcte selon ses propres standards, sans tenir compte de l’avis de la personne concernée. Par ailleurs, elle estime que la personne qui (selon elle) a besoin de ce conseil n’est pas apte à trouver la solution par elle-même.

Un conseil non sollicité peut donc signifier tout cela, et bien plus encore… En bref, un conseil non sollicité peut être perçu comme un jugement.

Et s’il peut être approprié face à un enfant ou une personne qui n’a pas conscience d’un danger imminent, il en va tout à fait autrement d’une personne adulte et autonome.

Pourquoi les conseils non sollicités nous irritent autant ?

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Photo by Timur Weber on Pexels.com

Lorsqu’on est un adulte en pleine possession de ses moyens, et que l’on navigue à travers la vie en faisant des choix et en expérimentant leurs conséquences, il peut être particulièrement compliqué de recevoir un conseil non sollicité.

Comme nous l’avons dit plus haut, un conseil non sollicité vient sans qu’on l’ait demandé. Cela signifie que la personne qui l’émet estime non seulement que la situation n’est pas correcte, mais qu’en plus nous ne sommes pas capable d’y remédier seul (si tant est qu’on le veuille).

Il existe par ailleurs une différence importante entre un avis et un conseil non sollicité. L’avis donne simplement l’information de ce que la personne pense d’une situation donnée. Mais le conseil va plus loin puisqu’il implique qu’on indique à l’autre comment il devrait se comporter ou gérer une situation donnée.

Cela modifie le rapport entre les deux personnes : celle qui « donne » le conseil se positionne comme une forme d’autorité envers la personne qui le « reçoit ». Cette autorité n’ayant pas au préalable été établie (le conseil n’a pas été demandé, on n’a pas sollicité cette « perle de sagesse »), il paraît normal que la personne qui se retrouve de l’autre côté de ce rapport d’autorité sans l’avoir voulu n’accueille pas la démarche avec plaisir.

Et ce phénomène est démultiplié lors du post-partum. La maman, encore en quête de ses propres repères et de la façon dont elle doit investir son rôle de mère, se voit souvent bombardée de conseils qu’elle n’a pas demandés. Une situation qui lui paraissait normale peut, sous le regard d’une autre personne, devenir soudain mauvaise ou moins bien que les autres. Un conseil qui se veut bienveillant peut tout d’un coup provoquer des inquiétudes, voire des angoisses chez une jeune mère déstabilisée, sans compter la culpabilité de ne pas être la mère parfaite qu’elle désire être de toute son âme.

Pire, si plusieurs personnes s’y mettent, les avis peuvent diverger et ajouter de la confusion à ce terrible cocktail émotionnel.

Il n’est donc facile de comprendre pourquoi ces conseils génèrent autant de tensions au sein des relations, quelles qu’elles soient.

Tous les conseils non sollicités sont-ils nocifs ?

Au vu de ce que je viens de partager, on pourrait croire que tous les conseils non sollicités sont à mes yeux nocifs. Pourtant, ce n’est pas le cas. Dans plusieurs situations, ils sont mêmes parfaitement normaux, voire bienvenus.

C’est le cas lorsque la personne qui partage le conseil possède un savoir que n’a pas l’autre personne, et que les deux sont d’accord sur cela. Si mon médecin me donne un conseil que je n’ai pas demandé, et que ce conseil est basé sur son expertise médicale, je l’accueillerai avec gratitude. Je ne suis pas médecin, je ne suis pas en mesure d’analyser les choses comme un professionnel et je dois admettre que dans ce domaine, sa compétence est largement supérieure à la mienne. Et c’est d’autant plus vrai qu’en général, si mon médecin me donne un conseil, c’est que je suis venue le voir pour bénéficier de son savoir et de sa compétence.

Dans ces cas-là, aucun problème.

Si je me baigne dans la mer et qu’on m’avise de vite revenir sur la plage parce qu’un requin arrive, on est d’accord : meilleur conseil non sollicité possible ! Me sauver la vie est une raison bien légitime de me donner un conseil sans attendre que je le demande, c’est évident. En cas de danger imminent et/ou grave, un conseil non sollicité est toujours le bienvenu.

Dans le cas d’une maman en post-partum, c’est un peu plus délicat. Très souvent, c’est sa propre mère ou son entourage proche qui va vouloir lui offrir des conseils issus d’expériences personnelles. Mais cela pose plusieurs questions. La maman a-t-elle confiance dans son entourage? Estime-t-elle qu’ils sont suffisamment compétents pour recevoir leurs conseils avec gratitude et confiance ? Les conseils sont-ils adaptés à sa situation et à sa façon de voir les choses ? Les conseils sont-ils formulés avec suffisamment de bienveillance pour qu’elle ne se sente pas jugée ?

Quelles sont les mauvaises raisons de donner des conseils non sollicités ?

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Photo by Adrijana on Pexels.com

L’une des causes des tensions autour des conseils non sollicités, c’est qu’ils ne sont pas toujours formulés pour les bonnes raisons.

Offrir un conseil non sollicité pour se faire valoir, montrer sa supériorité en terme de connaissance, d’expérience ou tout simplement pour recevoir de la gratitude, c’est le meilleur moyen de créer une situation indésirable. Par exemple, une mère qui donne un conseil à sa fille en post-partum parce qu’elle est sa mère et qu’elle estime que sa fille doit faire ce qu’elle lui dit, c’est une situation de tension (voire de conflit) presque garantie. La personne qui le reçoit doit se sentir libre de l’appliquer ou pas, et ne doit pas se sentir jugée dans sa situation. Or, il y a fort à parier que si la fille rejette le conseil, la mère se sentira elle-même rejetée et donc blessée, puisqu’il s’agit avant tout d’une affaire d’égo.

Les conseils ne sont pas faits pour valoriser celui qui les donne, mais pour être utiles à celui qui les reçoit. Une aide réellement désintéressée s’adresse d’abord à l’autre avant de s’adresser à soi : le conseil va-t-il vraiment aider la personne ? A-t-on tenu compte du point de vue de cette personne et non seulement de la façon dont nous percevons les choses de notre point de vue ?

Si la personne refuse de l’appliquer, est-ce que cela aura un impact sur la relation ?

Une autre cause de tension réside dans la forme du conseil. « On sait mieux que toi », « tu devrais faire comme ça », « c’est pour ton bien » « si j’étais toi… » sont autant de formules qui ne peuvent mener qu’à un conflit ou un rejet. Pire, cela peut miner la confiance en soi de la personne qui reçoit le conseil et créer en elle un malaise ou une anxiété dont elle se passerait bien.

Un conseil doit offrir des informations utiles et pertinentes à la personne, et lui laisser le libre choix de l’appliquer ou non. N’oubliez pas : un conseil est un cadeau.

S’il s’agit de partager une expérience, alors on peut simplement la partager en tant qu’histoire ou témoignage plutôt qu’en tant que conseil (« je me rappelle qu’il m’est arrivé ça », « à mon époque, je ne connaissais pas cela… »). Il faut aussi accepter que votre expérience n’est que votre expérience. Ce n’est pas une généralité, et elle ne s’applique probablement pas à la personne qui est en face de vous.

S’il s’agit d’un avis, encore une fois, n’oubliez pas que votre point de vue n’est peut-être pas celui de l’autre personne.

Mais alors, comment donner un conseil ?

Si vous m’avez lue jusqu’ici, la formule est plus ou moins déjà donnée. Elle comporte plusieurs éléments très simples.

D’abord, assurez-vous que la personne en a réellement besoin : a-t-elle fait la demande ? A-t-elle exprimé une inquiétude ? Si c’est le cas, alors c’est déjà une très bonne base. Sinon, je vous invite à vous abstenir, en règle générale, sauf s’il existe un danger qu’elle ne voit pas et dont vous voulez l’alerter.

Si aucune demande n’a été faite, mais que vous voulez quand même offrir votre conseil, posez-vous bien la question suivante : est-ce que je veux le faire pour cette personne ou pour moi ? Si elle refuse mon conseil, est-ce que je me sentirai blessée, rejetée, ou est-ce que je suis ok avec ça ? Est-ce que j’ai besoin qu’elle m’écoute, qu’elle me considère ? Si cette histoire de conseil est plus à propos de vous qu’à propos de l’autre, alors ne le faites pas et réfléchissez à vos propres besoins. Il y a un de vos besoins fondamentaux qui ne sont pas remplis (connection à l’autre, considération, nourrir votre estime de vous-même, besoin de se sentir utile, etc). Ce n’est pas en offrant un conseil non sollicité que vous arriverez à le satisfaire. Au contraire, vous risquez de créer des tensions et de dégrader votre relation pour rien.

Si vous voulez réellement offrir ce conseil pour l’autre, je vous invite à soigner votre formulation. Plutôt qu’un conseil, offrez un avis ou des informations utiles. N’essayez pas de lui dire quoi faire, mais donnez-lui des éléments qui peuvent l’aider dans sa prise de décision. En lui apportant de l’aide ainsi, vous lui laissez la liberté d’exercer son propre jugement, tout en apportant des éléments qui peuvent faire une vraie différence.

Enfin, le plus simple reste encore de poser des questions : est-ce que tu rencontre des difficultés ? Est-ce que tu as besoin de conseil de ma part ? Est-ce que tu veux mon aide dans cette situation ? De quoi as-tu besoin ? Veux-tu un conseil ? Veux-tu mon écoute ? Veux-tu que je te change les idées ?

Je ne connais pas de meilleure façon de s’assurer d’apporter l’aide dont l’autre à besoin.

En conclusion, j’espère que vous me pardonnerez pour tous ces conseils non sollicités! Je vous promets qu’ils ont pour unique but de vous aider à améliorer vos relations avec les autres 😉

Si vous le souhaitez vous pourrer trouver un complément de lecture sur le site Psychologue.net : Pourquoi tout le monde déteste les conseils non sollicités ?

Et vous, avez-vous déjà reçu ou donné des conseils non sollicités ? Qu’en pensez-vous ? Partagez vos avis et témoignages dans les commentaires pour que nous puissions en discuter ensemble:)

Dans le prochain article, nous verrons ensemble comment gérer les conseils non sollicités pendant le post-partum pour prendre soi et de nos relations avec les autres.

Si vous avez aimé cet article, n'hésitez pas à le partager ! ;-)

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