Empathie et limites dans l'éducation
Bien dans ma tête

Comment trouver le juste milieu entre empathie et limites ?

Si vous avez un enfant de 2 ans ou plus (voire beaucoup plus !), vous vous demandez peut-être comment jongler entre l’empathie et la nécessité de poser des limites avec votre enfant… En tout cas, c’est une question que je me pose un peu trop souvent depuis que mon fils explore sa personnalité ! C’est un dilemme que beaucoup de parents rencontrent au quotidien, surtout lorsque l’on souhaite être à la fois bienveillant et ferme. Mais est-il vraiment possible d’allier ces deux approches ? Spoiler alert : oui !

Voyons ensemble comment surfer sur cette dynamique essentielle pour une éducation sereine.

Pourquoi est-ce si difficile de trouver cet équilibre ?

Si vous vous sentez tiraillé(e) entre comprendre votre enfant et maintenir des règles strictes, sachez que vous n’êtes pas seul(e). Les premières années de parentalité sont souvent ponctuées de ces moments où l’on se demande si on en fait trop, ou pas assez.

Trouver l'équilibre entre empathie et limites

Pourquoi est-ce crucial ?

Poser des limites ne signifie pas manquer d’amour. Au contraire, cela montre à votre enfant que vous vous souciez de lui et que vous souhaitez l’aider à évoluer dans un cadre sécurisant. À l’inverse, une absence de limites peut créer de la confusion et de l’insécurité chez l’enfant.

Pour l’avoir vécu moi-même, je me suis souvent demandé si dire non ou fixer des règles n’allait pas brider la créativité ou la spontanéité de mon enfant, ou venir troubler le lien d’attachement entre nous. Et puis, j’ai compris que poser des limites est une manière d’aimer de manière responsable. L’enfant, tout en explorant ses émotions et ses envies, a besoin de balises pour se sentir en sécurité. Il a aussi besoin d’une maman en bonne santé, et pour cela, j’ai aussi besoin de pouvoir prendre soin de mes propres besoins, et ne pas toujours les oublier au profit de mon fils (contrairement à ce que mon cœur de maman voudrait me le faire croire).

Comment allier empathie et limites ?

Voici quelques étapes simples pour y parvenir sans trop de casse (et sans trop de culpabilité parentale) :

A l'écoute de notre enfant avec empathie

Reconnaître les émotions de votre enfant

Avant d’imposer une règle, prenez un moment pour valider les émotions de votre enfant. Une phrase simple comme « Je comprends que tu sois en colère parce que tu ne peux pas jouer avec ce jouet maintenant » peut faire toute la différence.

Soyons honnête, ce n’est pas facile du tout de prendre ce recul au moment où cela se pousse, mais je garde toujours en tête une phrase qui m’aide et que je partage aujourd’hui avec vous : « Il ne fait pas cela pour t’embêter, c’est lui qui souffre le plus de cette situation car il ne sait pas comment faire avec ces émotions qui le débordent ».

Quand on est agacé(e) par le comportement de notre petit bout de chou, on peut facilement oublier que nous ne sommes pas les seules, ni même les principales victimes de ces moments d’émotions débordantes. En tant qu’adulte, nous avons des ressources dont nos enfants ne disposent pas encore, que ce soit au niveau du cerveau (contrôle de soi et connaissance de ses émotions) et au niveau comportemental (connaître les comportements qui permettent de nous aider, comme aller prendre l’air, s’isoler, appeler une amie, etc.)

Je parle évidemment dans le cas d’un enfant en bas âge. Passé l’âge de 7 ans, un enfant à qui on a donné les bons outils sait comment gérer seul ses émotions les plus fortes et est parfaitement capable de se contrôler dans des situations sociales habituelles.

Poser des limites claires et cohérentes

Une règle doit être simple, adaptée à l’âge de votre enfant et expliquée avec des mots qu’il comprend. Par exemple : « Tu ne peux pas sauter sur le canapé car tu pourrais te blesser. »

Il y a deux éléments clés dans cette phrase qu’il est important de comprendre :

  • On exprime la règle clairement et précisément : ici, on ne dit pas simplement « ne saute pas », on précise qu’il s’agit du canapé, par exemple. Cela paraît anodin pour les adultes que nous sommes, mais c’est extrêmement important pour canaliser l’attention d’un enfant en prise avec ses émotions. L’ancrage dans un élément concret et précis facilite la compréhension et la clarté de votre discours
  • On ajoute une explication sur la raison pour laquelle on applique cette règle. Cette étape est souvent oubliée, à tort ! Tout comme vous, et surtout lorsqu’ils ont autour de 2 à 5 ans, les enfants ont besoin de comprendre le monde qui l’entoure et les règles qui le régissent. Si vous vous contentez de donner un ordre, vous avez de grandes choses qu’il n’enregistre pas votre demande, parce qu’il n’en comprends tout simplement pas l’intérêt.

Pour ma part, j’aime ajouter également, si besoin, l’émotion que cela suscite chez moi « maman a peur que tu te blesses, j’ai besoin de savoir que tu es en sécurité ». Attention cependant à ne pas transformer cette phrase en une culpabilisation : il ne s’agit pas de faire du chantage émotionnel à votre enfant !

Offrir des alternatives

L’enfant doit comprendre pourquoi la limite existe, mais aussi ce qu’il peut faire à la place. Si sauter sur le canapé est interdit, proposez-lui de sauter sur un tapis ou de sortir faire un tour au parc pour se dépenser. Par exemple : « si tu veux sauter, allons le faire dehors dans le jardin »

Cette étape là est trop souvent oubliée et négligée. C’est pourtant la clé magique pour obtenir la coopération de votre enfant. Très souvent, s’il adopte un comportement qui ne vous convient pas, ce n’est certainement pas pour vous embêter, mais plutôt parce qu’il ne connaît pas, ou n’est pas en mesure (à cause de ses émotions) d’adopter le comportement approprié que vous attendez de lui.

Votre enfant ne lit pas dans vos pensées, pas plus que n’importe qui d’autre. Alors n’hésitez pas à lui exprimer très clairement ce que vous voulez de lui.

Faire preuve de constance

La clé pour que cela fonctionne ? Répéter. Encore et encore. Les enfants apprennent par la répétition, et savoir que les limites ne changent pas d’un jour à l’autre les rassure.

Ne pensez pas que votre enfant vous teste… Très souvent, il est juste en réaction à une situation donnée et il va avoir besoin de temps pour apprendre un comportement spécifique. Tout comme vous, lorsque vous essayez de vous mettre à la méditation ou au sport, vous allez avoir besoin de temps pour que cela devienne une vraie habitude ancrée qui fait partie de votre quotidien sans que vous n’ayez besoin d’y penser.

C’est exactement pareil pour votre enfant ! Il n’essaie pas de vous manquer de respect, et ce n’est pas un manque d’attention de sa part : il apprend, et c’est à nous de l’y aider !

Et quand ça ne marche pas ?

Nous avons tous des jours où, malgré nos efforts, tout semble partir en vrille. Que faire dans ces moments-là ?

Restez calme

Plus facile à dire qu’à faire, je sais. Mais prendre quelques respirations profondes avant de répondre à votre enfant peut éviter que la situation ne s’envenime.

N’oubliez pas : vous n’êtes pas la seule, ni même la principale victime de cette crise émotionnelle. Vous avez les outils pour vous calmer, mais pas votre enfant. Vous êtes l’adulte, et il a besoin de vous dans ce moment-là pour trouver une issue. Vous allez y arriver !

Adaptez vos attentes

Les crises sont souvent des opportunités déguisées pour apprendre à mieux connaître les besoins de votre enfant. Peut-être que la limite doit être rediscutée, ou que votre enfant traverse une phase où il a besoin de plus d’attention.

Très souvent, les crises émotionnelles interviennent quand l’enfant se sent en insécurité (émotionnelle plus souvent que physique). Y a-t-il eu un changement récent dans vos routines ? A-t-il vécu une expérience qui l’a impressionné, voire effrayé ? Avez-vous eu moins de temps de qualité avec votre enfant ? Avez-vous eu l’esprit préoccupé et prêté moins d’attention à votre enfant sans le vouloir ?

Sans vous culpabiliser, n’hésitez pas à faire un petit examen de votre quotidien familial pour voir s’il y a des causes éventuelles qui pourraient avoir déstabilisé votre enfant. Comprenez bien que, n’ayant pas votre recul et votre contrôle sur la situation, son niveau de stress peut être plus élevé que vous ne le pensez, et ses émotions peuvent être difficiles à contenir.

Conclusion : L’équilibre, c’est aussi accepter l’imperfection

N’oubliez pas que chaque jour est différent et que la perfection n’existe pas en parentalité. L’essentiel est de maintenir un dialogue ouvert avec votre enfant, en lui montrant que vous êtes là pour lui, tout en le guidant vers des comportements respectueux et sécurisants.

Et vous, comment gérez-vous cet équilibre au quotidien ? Partagez vos astuces et vos expériences dans les commentaires, je serais ravie de vous lire !

Si vous avez aimé cet article, n'hésitez pas à le partager ! ;-)

8 commentaire

  1. Vincent

    Merci pour cet article ô combien actuel pour moi 🙂
    Être ferme n’empêche pas d’être juste et de communiquer avec son enfant. Mais c’est là toute la difficulté.
    J’ajouterais que savoir dire « non » à quelqu’un est une preuve d’amour. On dit « non » pour le bien de la personne et non pour lui faire plaisir.

    1. Merci pour ton commentaire ! Je suis ravie que cet article ait résonné en toi aussi 🙂

  2. Merci Sabine pour cet article riche qui donne vraiment des solutions concrètes. Je ne les ai pas eu pour mes filles mais je vais les apliquer avec mes petites filles.

  3. Merci pour cet article très pédagogique et ses précieux conseils. J’ai juste un bémol par rapport à l’âge des enfants en mesure de gérer seul des émotions très fortes. Pour moi, c’est un peu plus que 7 ans :-). Quoiqu’il en soit, quand on sait qu’une part importante de la population adulte a des difficultés à identifier et nommer ses émotions (10% pour la population en général, pouvant aller de 45% à 67% chez des groupes de personnes souffrant de troubles de l’alcoolisme), je partage le fait qu’apprendre très tôt aux enfants à identifier et nommer leurs émotions est essentiel, pour eux… et aussi pour leurs parents ! 🙂

  4. Lily

    Bonjour et merci pour cet article. Je garde en tête la phrase « Il ne fait pas cela pour t’embêter, c’est lui qui souffre le plus de cette situation ». Et aussi le fait qu’il s’agit d’un équilibre, rien n’est jamais acquis ni gravé dans le marbre.

  5. Origami Mama

    On se pose souvent la question de « est-ce que j’en fais trop » ou « est-ce que je n’en fais pas assez », surtout dans les premières années, mais en fin de compte, je crois que ce principe est valable tout le temps.
    Se remettre en question régulièrement est essentiel pour ne pas tomber dans une forme de comportement prédéterminé et « despotique », que ce soit dans un sens où dans l’autre. Mais c’est vrai qu’on peut être amené à ne plus savoir à quel saint se vouer !
    Tes conseils sont bienveillants et offrent des solutions concrètes pour « prendre la température » de nos propres comportements.

  6. Merci pour ton article. Il montre que trouver l’équilibre entre poser des limites et faire preuve d’empathie, c’est offrir à nos enfants un cadre sécurisant tout en respectant leurs émotions. Les règles aident à structurer leur quotidien, tandis que l’empathie leur permet de se sentir compris. En posant des limites avec bienveillance, on leur montre que l’on peut dire « non » sans briser leur confiance, mais en les guidant avec amour et respect.

  7. Tu explores la différence entre être empathique et savoir poser des limites pour se protéger avec beaucoup de sensibilité. C’est un sujet important, surtout dans notre société où on valorise souvent l’empathie sans reconnaître les risques d’épuisement émotionnel. Je pense que c’est important de trouver un équilibre en prenant soin de soi tout en restant à l’écoute des autres.

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