A la découverte de l’éducation bienveillante

Difficile de nos jours en tant que parents de passer à côté de ce phénomène de l’éducation bienveillante. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les conversations, en bien ou en mal, presque tout le monde en a entendu parler. Presque tout le monde a un avis sur la question. Mais d’abord, savez-vous vraiment ce qu’est l’éducation bienveillante ?

En tant que jeune maman, la question de l’éducation de mon enfant occupait mon esprit déjà bien avant sa naissance, et ne m’a jamais quittée depuis. Comme beaucoup d’entre nous, j’avais à cœur de donner à mon enfant le meilleur de ce monde, et de le couvrir d’amour. C’est pourquoi, naturellement, je me suis tournée vers cette notion d’éducation bienveillante. Après tout, qui veut éduquer son enfant autrement qu’avec bienveillance ? Attention, c’était une question piège;)

Dans cet article, je vais partager avec vous le fruit de mes lectures et de mes recherches sur le sujet, pour vous en donner un aperçu que j’espère complet. De sa genèse théorique à ses applications concrètes, faisons le tour de la question ensemble.

Bref Historique de l’éducation bienveillante

L’éducation bienveillante semble propre à notre époque et liée à une forme de mode. Pourtant, elle a des racines profondes et historiques.

Origines de la notion d’éducation bienveillante

Croyez-le ou non, l’idée d’une éducation basée sur la compréhension et le respect mutuel n’est pas nouvelle. Elle remonte à des siècles en arrière, à des époques où la société valorisait des méthodes éducatives plus autoritaires. Cependant, il y a toujours eu des penseurs, des éducateurs et même des parents qui prônaient une approche plus douce et plus aimante dans l’éducation des enfants.

Certains philosophes comme Rousseau, au 18ème siècle, parlait déjà de l’importance de respecter le développement naturel de l’enfant. En effet, il souscrivait à l’idée que l’enfant est naturellement pur et bon, et que le devoir des parents est d’encourager et de protéger ce naturel. Ces idées étaient révolutionnaires pour l’époque et ont jeté les bases de ce que nous appelons aujourd’hui l’éducation bienveillante.

Évolution de l’éducation bienveillante au fil du temps

Au fil des siècles, l’éducation bienveillante a évolué. Avec les progrès en psychologie de l’enfant et des études sur le développement humain, notre compréhension de l’importance du respect, de l’empathie et de la compréhension dans l’éducation des enfants s’est approfondie.

Au tout début du 20ème siècle, suite aux guerres et à la multiplication des orphelinats, le constat du nombre croissant de mort infantile en a fait une question d’état. Des études ont été menées pour déterminer comment améliorer la survie des orphelins, et celles-ci ont amené au développement du champ d’étude dédié aux enfants et à leur développement.

Plus tard, des psychologues comme Piaget se sont intéressés l’étude scientifique et expérimentale du développement des enfants. Il place le parent dans une posture d’étayage, c’est-à-dire de support nécessaire et primordial au développement cognitif et psycho-moteur de l’enfant. Harlow parvient à démontrer dans ses expériences que la présence rassurante d’un adulte de référence est un besoin supérieur au besoin de se nourrir. Privé de celle-ci, l’enfant peut se laisser tout simplement dépérir. Enfin, Bowlby établit vers la fin des années 70 la théorie de l’attachement, basée sur la découverte préalable du besoin naturel et instinctif de l’enfant d’une présence rassurante et d’un attachement émotionnel.

Petit à petit, l’idée que les enfants possèdent dès le départ des moyens d’interactions et surtout des besoins spécifiques qui conditionnent leur survie et leur développement entraine des modifications dans la façon dont on conçoit l’éducation. Dès lors, des figures comme Maria Montessori et Carl Rogers ont apporté des contributions significatives, en mettant l’accent sur l’importance de l’environnement dans l’apprentissage et l’importance de la relation entre l’éducateur et l’élève. Leurs enseignements sont encore très présents dans les pratiques éducatives actuelles.

Influence de l’éducation bienveillante sur les pratiques éducatives modernes

Aujourd’hui, l’éducation bienveillante influence grandement les pratiques éducatives modernes. Les écoles et les parents du monde entier adoptent des approches plus centrées sur l’enfant, favorisant la curiosité naturelle, le respect de soi et des autres, et la résolution créative de problèmes.

Si on observe de plus en plus d’écoles se réclamant des théories Montessori, on observe également une tendance majeure dans les réseaux sociaux. Chacun s’approprie de façon partielle, avec des niveaux de compréhension variables, ce qu’est l’éducation bienveillante.

Qu’est-ce que l’éducation bienveillante, exactement ?

L’éducation bienveillante, c’est guider son enfant avec respect, dans l’écoute et de compréhension. L’empathie et la communication en sont les clés et se substituent aux traditionnelles valeurs d’autorité et d’obéissance. On rejette le modèle hiérarchique vertical pour essayer d’établir un lien de communication plus apaisé et constructif. L’idée repose sur le principe que l’enfant est déjà doué de sa propre conscience et construit son développement cognitif et social sur la base de la qualité des interactions qu’il a avec ses référents éducateurs. L’objectif est de ne plus construire une relation fondée sur la peur ou la soumission, mais sur la coopération et la compréhension, l’empathie, le llien et l’affection. En clair, le « fait ce que je dis, pas ce que je fais » part à la poubelle ! Désormais, l’exemplarité est de mise : si l’on veut que l’enfant apprenne à gérer ses émotions, il faut le lui apprendre et surtout lui montrer comment faire au quotidien en pratiquant soi-même ses propres préceptes.

Exemple concret : lorsqu’un enfant pleure ou exprime sa frustration avec bruits et violence, on cherche avant tout à l’apaiser et à rétablir la communication avec lui pour pouvoir lui expliquer la situation et lui apprendre à gérer sa frustration. Céder à la colère ne pourra que lui apprendre que la colère est la bonne réaction à avoir lorsqu’on est frustré.

Pourquoi choisir l’éducation bienveillante ?

Tout d’abord, en tant que parent, il est difficile de dire qu’on ne veut pas éduquer son enfant avec bienveillance évidemment… Mais l’éducation bienveillante, c’est aussi accepter le constat que l’éducation traditionnelle fait partie des facteurs qui ont augmenté les risques de troubles psychologiques et psychopathologiques des adultes d’aujourd’hui. Les théories fondatrice de la psychologie ont toujours intégré l’enfance et le modèle familial comme source majeure des troubles expérimentés à l’âge adulte. Partant de ce constat, l’éducation bienveillante se veut un rempart pour donner aux enfants les moyens de devenir des adultes plus épanouis. C’est aussi le souhait des nouvelles générations de ne pas reproduire les schémas qui ont, entre temps, été identifiés comme toxiques ou dommageables à la santé mentale. Il ne s’agit en aucun cas de juger nos prédécesseurs : chaque génération fait de son mieux avec les outils et les connaissances en sa possession. Il est bon de respecter les efforts de chacun, et de se rappeler qu’on fait tous de notre mieux, en règle générale, et surtout lorsque cela concerne nos enfants.

Les parents d’aujourd’hui sont donc partagés entre deux modèles qui s’opposent : suivre le modèle traditionnel familial, ou essayer de sortir des chemins battus en tenant compte des avancées scientifiques qui se sont multipliées depuis le début du 20ème siècle dans les domaines du développement de l’enfant, et de la psychologie en général.

Comment mettre en pratique l’éducation bienveillante ?

Voyons maintenant ensemble quelques uns des principes clés de l’éducation bienveillante.

Écoute Active et Empathie

Le premier pas, et probablement le plus crucial, est d’écouter activement votre enfant. Cela signifie se mettre à sa hauteur, le regarder dans les yeux, et vraiment entendre ce qu’il dit, sans jugement ni interruption. C’est quelque chose qui peut être très inconfortable, car l’enfant nous renvois à nos propres « démons ». L’enfant ne fait jamais rien expressément pour nous énerver. Mais si cela nous énerve, c’est qu’il appuie sans le vouloir sur un bouton qui active nos craintes ou nos blessures. Plutôt que de s’en prendre à l’enfant et de le punir pour l’inconfort que nous traversons, il peut être intéressant de prendre du recul, d’écouter sincèrement l’enfant dans ce qu’il essaie de communiquer. Puis, dans un second temps, il peut être très bénéfique de s’interroger sur les raisons pour lesquels cela nous a blessé, une fois la situation gérée.

Réactions Mesurées et Positives

Ensuite, il s’agit de répondre de manière mesurée et positive. Au lieu de crier ou de punir, essayez de comprendre le pourquoi du comportement de votre enfant et expliquez-lui calmement les conséquences de ses actes. Par exemple, si votre enfant renverse son jus, au lieu de vous fâcher, vous pourriez dire : « Je vois que tu as renversé ton jus. Ça arrive, mais maintenant, nous devons nettoyer ensemble. »

N’oublions jamais que l’adulte, c’est nous. C’est à nous de contrôler et de gérer nos émotions, non seulement parce que les enfants n’en sont pas spontanément capables (en tout cas pas avant au moins 6 ou 7 ans selon les études sur le sujet), mais également parce que, dans l’éducation bienveillante, nous cherchons à montrer l’exemple du comportement que nous souhaitons que notre enfant adopte. Un comportement mesuré, calme et constructif ne peut qu’être bénéfique dans tous les cas. Notre rôle de parent, c’est d’abord de lui enseigner les choses, sans attendre qu’il devine par lui-même ce qu’il a fait de mal ou ce que nous attendons de lui.

Encourager l’Autonomie et la Confiance en Soi

Encouragez l’autonomie de votre enfant. Laissez-le faire des choix simples, comme choisir ses vêtements ou l’aider dans de petites tâches ménagères. Cela renforce sa confiance en lui et lui apprend la responsabilité.
Il a également été démontré que cette autonomie jouait un grand rôle dans l’apaisement des comportements de l’enfant. Un enfant qui se sent restreint dans sa quête d’autonomie va toujours finir par montrer des signes de rébellion ou de refus. Si ces refus sont réprimés avec autorité, force et par la soumission, alors on construira chez l’enfant, des comportements d’évitement ou de compensation. Effrayé de perdre le lien avec sa figure d’attachement, l’enfant va essayer de se conformer aux attentes des parents en dépit de ses propres besoins. C’est ainsi qu’il peut développer des troubles plus ou moins graves, qui peuvent émerger à tout moment de sa vie, même adulte.

Fixer des Limites Claires et Consistantes

Fixez des limites claires et soyez consistant. Les enfants ont besoin de savoir jusqu’où ils peuvent aller. Expliquez-leur ces limites avec amour et respect, et surtout, restez ferme dans leur application. Il y a très souvent confusion entre bienveillance et laxisme : être bienveillant, c’est vouloir donner toutes les chances à notre enfant de s’épanouir correctement, en tant qu’individu mais aussi en tant que membre de la société à laquelle il appartient. Cela signifie donc qu’il doit connaître, intégrer et appliquer un certain nombre de règles et qu’il nous revient, en tant que parent, de les lui apprendre. Faire croire à l’enfant qu’il pourra vivre dans un monde dénué de toute frustration et de toute contrainte est un très mauvais service à lui rendre à long terme, et peut entraîner des comportements très difficiles à gérer et à insérer en société à la longue. Inutile donc de se tirer une balle dans le pied, tant pour votre enfant que pour vous-même.

Modèle de Comportement

Nous l’avons déjà évoqué à plusieurs reprises mais je le répète car c’est primordial : soyez un modèle. Nos enfants nous observent constamment. Montrez-leur comment gérer vos propres émotions et comportements. Si vous faites une erreur, admettez-la et montrez-leur comment vous corrigez. Si vous pleurez ou expérimentez un moment difficile, il n’est pas toujours nécessaire de le cacher. Il est important que l’enfant voit que vous traversez vous aussi ces émotions, et qu’il apprenne de vous comment les gérer au mieux.

Quels sont les défis de l’éducation bienveillante ?

L’éducation bienveillante n’est pas un chemin facile. Il y aura des moments de doute, de frustration, peut-être même de larmes. Mais rappelez-vous, aucun parent n’est parfait. Ce qui compte, c’est votre volonté de grandir avec votre enfant, d’apprendre de vos erreurs et de toujours viser un environnement familial chaleureux et aimant.

Comme nous l’avons évoqué, le principal défit de l’éducation bienveillante, c’est nous-même. Apprendre à gérer ses émotions et à garder la posture d’adulte, c’est-à-dire de la personne qui rassure, qui cadre, qui « connaît » et qui résout, c’est une des clés pour rassurer l’enfant et le guider sereinement vers un développement émotionnel riche.

La bienveillance, un investissement à long terme

Il est important de se rappeler que l’éducation bienveillante est un investissement à long terme dans le bonheur et le bien-être de votre enfant. Comme un jardinier prend soin de ses plantes, chaque geste de bienveillance, chaque parole encourageante, nourrit l’âme de votre enfant, favorisant sa croissance en tant qu’individu confiant, respectueux et aimant.

Célébrer les Petites Victoires

Dans ce voyage, chaque petite victoire compte. Célébrez ces moments où votre enfant fait preuve de gentillesse, de patience ou de compréhension. Encouragez-le avec des mots chaleureux et des gestes affectueux. C’est dans ces petits moments que les grands changements prennent racine.

Soutien et Ressources

Ne sous-estimez jamais la valeur du soutien. Parlez avec d’autres parents qui pratiquent l’éducation bienveillante. Lisez des livres, participez à des ateliers, ou consultez des experts si nécessaire. Comme pour tout dans la vie, apprendre des expériences des autres peut être incroyablement enrichissant.

Je me permet tout de même de vous mettre en garde vis-à-vis des réseaux sociaux. Comme je le disais en introduction, les réseaux sociaux se font le porte-voix de personnes qui partagent leur propre compréhension de ce qu’est ou doit être l’éducation bienveillante, sans forcément qu’ils aient les connaissances pour étayer ce qu’ils disent. Si la volonté est bienveillante, certains conseils peuvent être parfois contre-productifs, voire dangereux. N’hésitez pas à vous tourner vers un ou une psychologue ou un professionnel de l’éducation si vous avez des questions sur le sujet. Il existe de nombreux ouvrages spécialisés : tournez-vous de préférence vers les ouvrages rédigés par des professionnels, et non par des parents relatant leur propre expérience personnelle.

Voici quelques ouvrages que je vous recommande :

1. « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent » de Adele Faber et Elaine Mazlish (traduction française de « How to Talk So Kids Will Listen & Listen So Kids Will Talk »)

– Ce livre, une traduction du travail de Faber et Mazlish, est un classique dans le domaine de la communication parents-enfants. Il propose des techniques pratiques basées sur la compréhension et le respect mutuel, alignées sur les principes de l’éducation bienveillante.

2. « Le Cerveau de votre enfant » de Daniel J. Siegel et Tina Payne Bryson (traduction française de « The Whole-Brain Child »)

– Cet ouvrage fournit des informations précieuses sur le développement cérébral des enfants et propose des stratégies pour soutenir leur croissance émotionnelle et intellectuelle. Il offre une perspective neuroscientifique sur l’éducation bienveillante, essentielle pour comprendre comment accompagner au mieux le développement de l’enfant.

3. « Les Lois naturelles de l’enfant » de Céline Alvarez

– Céline Alvarez est une figure importante dans le domaine de l’éducation en France. Son livre repose sur des années de recherche et d’expérimentation en milieu scolaire. Elle y présente une approche éducative innovante, centrée sur le respect des rythmes et des capacités naturelles de l’enfant, en harmonie avec les principes de l’éducation bienveillante.

Prendre du Temps pour Soi

Enfin, n’oubliez pas de prendre soin de vous. L’éducation bienveillante demande beaucoup d’énergie émotionnelle. Prendre du temps pour vous, que ce soit pour lire un livre, faire une promenade, ou simplement profiter d’un moment de calme, est essentiel pour recharger vos batteries et continuer à être le parent bienveillant que vous souhaitez être.

CONCLUSION

En conclusion, l’éducation bienveillante semble être plus qu’une simple méthode d’éducation. Elle repose sur le choix de construire une relation basée sur le respect mutuel, la compréhension et la patience. Et, même si ce chemin peut être semé d’embûches, les récompenses promises – une relation profonde et aimante avec votre enfant – semblent valoir chaque effort.

Cependant, derrière cette belle image se cache un côté bien moins reluisant. L’éducation bienveillante, à travers les réseaux, souffre aussi d’une surexposition médiatique qui l’éloigne parfois de ses fondements et de ses objectifs premiers. Quand l’éducation bienveillante devient une façon de discriminer les parents, quand elle devient une charge mentale pour la mère, quand elle devient une preuve sociale au lieu d’être au service de l’enfant et de la famille, beaucoup de questions se posent…

Je vous propose d’examiner cela dans notre prochain article. En attendant, connaissiez-vous l’éducation bienveillante ? En avez-vous fait l’expérience personnellement ? N’hésitez pas à partager vos opinions et vos témoignages dans les commentaires ! 🙂