Être parent est l’une des aventures les plus gratifiantes, mais aussi les plus éprouvantes que l’on puisse vivre. Que vous soyez en plein cœur du post-partum ou que vous prépariez l’arrivée de votre enfant, les défis peuvent parfois sembler insurmontables. Entre la fatigue, les doutes et le sentiment de ne pas être à la hauteur, il est facile de se laisser submerger.
Heureusement, il existe une pratique qui peut transformer votre expérience parentale : l’auto-compassion. Basée sur les travaux de Kristin Neff, cette approche repose sur trois piliers essentiels : la pleine conscience, la bienveillance envers soi-même, et la connexion humaine.
Dans cet article, nous allons explorer ces concepts et voir comment les appliquer dans votre quotidien de parent.
Qu’est-ce que l’auto-compassion selon Kristin Neff ?
La pleine conscience
La pleine conscience, lorsqu’on est parent, cela signifie accepter les défis quotidiens de la parentalité avec une attention consciente, sans jugement. Il est essentiel d’apprendre à observer ses émotions (stress, fatigue, impatience) ainsi que celles de son enfant avec bienveillance, sans réagir impulsivement. En tant que parent, cela vous permet de mieux gérer les moments difficiles et d’agir avec plus de sérénité.
On croit souvent à tort que la pleine conscience signifie qu’il ne doit plus y avoir de frustration ou d’épuisement, mais c’est faux. De même, il est fréquent de croire que la vie de parent ne permet pas d’avoir le temps de pratiquer la pleine conscience, mais nous allons voir dans cet article que c’est parfaitement possible, voire même nécessaire !
La bienveillance envers soi-même
Il s’agit là de se traiter avec la même gentillesse et indulgence que l’on offre à ses enfants, à ses amis proches ou en règle général aux personnes que l’on aime.
Il est facile de se juger sévèrement en tant que parent, surtout lorsqu’on traverse des moments difficiles. Remplacer l’auto-critique (« Je ne suis pas un bon parent ») par des encouragements et de la compréhension, c’est s’accorder le droit à l’imperfection et à l’apprentissage, tout comme vous le faites pour vos enfants.
Etre un bon parent ne signifie pas qu’on ne fera jamais d’erreur. On a tendance à croire malheureusement que la bienveillance est un luxe qu’on ne peut pas se permettre lorsqu’on est parent, mais cet article est là pour vous démontrer combien c’est faux, et combien vous en avez besoin.
La connexion humaine
Il est absolument vital de reconnaître que tous les parents partagent les défis de la parentalité. Vous n’êtes pas seuls dans votre expérience des difficultés que cela représente au quotidien.
Il est facile de se sentir isolé, surtout lorsque les choses deviennent difficiles. Cependant, comprendre que le stress et l’épuisement font partie de l’expérience commune de la parentalité peut alléger ce sentiment. Se connecter avec d’autres parents permet de partager les expériences et de se soutenir mutuellement.
Ne croyez pas que les autres parents gèrent forcément mieux que vous. A l’ère des réseaux sociaux, le mythe des « parents parfaits » est plus fort et plus faux que jamais. Demander de l’aide ou partager ses difficultés n’est pas un signe de faiblesse : au contraire, c’est un signe que vous souhaitez aller de l’avant, sortir d’une situation difficile et faire de votre mieux pour arranger les choses. N’hésitez jamais à demander de l’aide autour de vous !
Pourquoi l’auto-compassion est-elle essentielle pour les parents ?
Frustrations courantes des parents
En tant que parent, se sentir constamment fatigué, tant physiquement qu’émotionnellement, est une expérience courante. Il est facile de se reprocher chaque petite erreur ou difficulté rencontrée avec son enfant, ce qui peut miner la confiance en soi. Vous pouvez parfois croire que personne ne comprend la pression ou les défis auxquels vous faites face en tant que parent.
Ce genre de pensées et de croyances sont normales, mais ce sont elles aussi qui vont parfois déclencher des détresses mentales et émotionnelles profondes chez les parents, en particulier les mamans qui se retrouvent très souvent avec la charge des enfants en plus de celle du foyer.
Les bienfaits de l’auto-compassion en tant que parent
A court terme, la pratique de l’auto-compassion peut réduire le stress et la culpabilité, tout en améliorant la qualité des interactions avec vos enfants et votre conjoint.
A moyen terme, elle renforce la résilience parentale, vous aidant à mieux gérer les défis quotidiens.
Enfin, à long terme, elle contribue à créer un environnement familial plus harmonieux et à vivre une parentalité plus épanouie. Que ce soit dans votre couple ou dans vos liens avec vos enfants, elle ne vous apportera que du positif.
Quelques erreurs communes
Parfois, dans la recherche de l’auto-compassion, certains parents peuvent commettre quelques erreurs communes que nous allons voir ensemble, et que cet article vous aidera à éviter :
- Se mettre trop de pression pour être parfait : nous l’avons déjà vu dans cet article, la perfection n’est pas de ce monde et n’est absolument pas nécessaire pour être le meilleur parent pour votre enfant.
- Ignorer ses propres besoins pour se concentrer exclusivement sur ceux de ses enfants : vos enfants ont besoin de parents en pleine forme pour pouvoir prendre soin d’eux. Tout comme dans les consignes de sécurités dans l’avion, vous devez d’abord penser à vous pour pouvoir prendre soin des autres !
- Penser que demander de l’aide est un signe d’échec parental : des générations de parents vous ont précédés et des professionnels sont formés pour vous accompagner. Ne négligez pas ces ressources, et ne vous enfermez pas dans la peur. La parentalité est un des plus grands défis de la vie d’une personne, et l’être humain n’est pas fait pour le relever tout seul. Alors n’hésitez pas à demander de l’aide, c’est une preuve de force, de résilience et d’amour pour vos enfants et vous-même.
Comment appliquer l’auto-compassion au quotidien en tant que parent ?
Par où commencer ?
- Connaissance de soi et de ses limites : La première étape est de reconnaître ses émotions et ses limites en tant que parent. Cela vous permet de mieux adapter les pratiques d’auto-compassion à votre quotidien. N’hésitez pas, si l’exercice est nouveau pour vous, à vous faire accompagner par un professionnel (psychologue, doula).
- Engagement à la pratique : Il est important de définir des moments spécifiques pour la pratique de l’auto-compassion au quotidien, même si ces moments sont courts. Par exemple, prendre une minute pour respirer profondément avant de réagir à une situation stressante. Il n’y a pas besoin de prévoir de longues plages horaires, mais planifier ces moments pour vous sera vraiment salutaire à long terme.
Le tutoriel de l’auto-compassion pour les parents
1. Pratiquer la pleine conscience parentale
- Étape 1 : Pendant un moment de calme (si possible), prenez quelques minutes pour respirer profondément et observer vos pensées et émotions sans jugement. Cela peut être juste au réveil, avant de vous lever, ou lorsque vous êtes aux toilettes (tous les parents savent que les toilettes sont un sanctuaire de paix et de calme 😉 )
- Étape 2 : Lors d’un moment de stress parental, essayez de faire une pause avant de réagir, en reconnaissant et acceptant vos émotions. Inspirez longuement par le nez et soufflez lentement par la bouche. Vous pouvez vous aider de la technique de respiration en pleine conscience.
- Étape 3 : Intégrez des moments de pleine conscience dans les routines parentales, comme lors des repas ou des jeux avec vos enfants, pour rester présent et connecté. Par exemple, savourez le rire de votre enfant pendant un jeu, prenez le temps pour observer le calme pendant qu’il dort, appréciez le goût d’un aliment particulier que vous êtes en train de manger… Ces prises de conscience sont autant d’instants de calme qui vous permettent de vous ancrer dans le présent et d’apaiser votre mental et vos émotions.
2. Cultiver la bienveillance envers soi-même en tant que parent
- Étape 1 : Remarquez les pensées auto-critiques et remplacez-les par des affirmations positives comme « Je fais de mon mieux, et c’est suffisant. » Si vous ne parvenez pas à remplacer par du positif (parfois c’est trop dur), acceptez simplement que cet état est temporaire, comme par exemple « je me sens très mal pour le moment, mais je sais que ça va passer », ou « je suis vraiment épuisée mais bientôt je vais pouvoir me reposer », etc. Petit à petit, vous pourrez mettre des affirmations de plus en plus positives en place à mesure que vous y croyez davantage.
- Étape 2 : Écrivez une lettre à vous-même en tant que parent, en vous félicitant pour les efforts que vous déployez malgré les difficultés. Encore une fois, si vous n’arrivez pas à vous féliciter, encouragez-vous, ou pensez à ce que vous avez déjà accompli et ce qui fait que vous êtes toujours là aujourd’hui et félicitez-vous pour cela. Il est tellement facile de faire la liste de nos erreurs que nous ne savons plus comment faire la liste de tout ce que nous accomplissons. Et pourtant, si vous êtes là en train de me lire, c’est que vous accomplissez beaucoup de choses ! Bravo d’être là pour prendre soin de vous, bravo de vous accorder ce temps rien qu’à vous ! 🙂
- Étape 3 : Donnez-vous la permission de faire des erreurs et d’apprendre de celles-ci, tout comme vous le faites pour vos enfants. L’erreur n’est pas grave, l’important c’est ce que vous allez faire après pour qu’elle ne se reproduise plus. Si vous réalisez que vous avez fait une erreur, vous avez déjà fait un énorme pas vers l’avant !
3. Renforcer la connexion humaine dans la parentalité
- Étape 1 : Recherchez des groupes de soutien pour parents ou des forums en ligne où vous pouvez partager vos expériences et écouter celles des autres.
- Étape 2 : Parlez ouvertement avec d’autres parents de vos défis pour vous rappeler que ces difficultés sont communes à beaucoup de familles.
- Étape 3 : Participez à des activités familiales ou des rencontres avec d’autres familles pour renforcer le sentiment de communauté et briser l’isolement.
Quelques objections et questions
Objections courantes
- « Je n’ai pas le temps pour cela » : Il est compréhensible que vous soyez occupé, mais même quelques minutes de pleine conscience ou de bienveillance par jour peuvent faire une différence significative. Pensez-y comme au brossage de dents : c’est un instant très court mais vous savez que si vous ne le faites pas, il y aura des conséquences graves à long terme pour votre santé. Prendre un temps pour pratiquer l’auto-compassion peut vous sembler inutile, mais cela peut avoir un effet durable extrêmement positif pour vous et pour toute votre famille, tant au niveau émotionnel qu’au niveau affectif.
- « Je dois être fort pour mes enfants, je n’ai pas le droit d’être faible » : L’auto-compassion n’est pas une faiblesse, c’est un moyen de maintenir votre force sur le long terme, pour vous et pour votre famille. Par ailleurs, en pratiquant cela pour vous-même, vous pouvez montrer l’exemple à vos enfants pour qu’ils apprennent eux aussi à prendre soin d’eux et à ne pas entretenir une charge mentale qui peut leur nuire à long terme. L’auto-compassion est une vraie ressource positive pour leur avenir, comme pour vous.
- « Ça ne marchera pas pour moi » : L’auto-compassion est une compétence qui se développe avec le temps et qui peut apporter des bénéfices réels, même si cela semble difficile au début. A nouveau, pensez-y comme votre brossage de dents : vous ne verrez peut-être pas la différence immédiatement, mais petit à petit, les changements et l’apaisement s’installeront durablement et l’effet de levier sera de plus en plus visible sur votre quotidien et celui de vos proches.
Conclusion
La parentalité est un voyage riche en émotions, plein de joies, mais aussi de défis. En intégrant les principes de l’auto-compassion—pleine conscience, bienveillance envers soi-même, et connexion humaine—vous pouvez transformer non seulement votre expérience en tant que parent, mais aussi la qualité des relations que vous entretenez avec vos enfants et votre entourage. Ces pratiques vous permettent de naviguer les moments difficiles avec plus de sérénité et de créer un environnement familial plus harmonieux. N’oubliez pas, prendre soin de vous, c’est aussi prendre soin de ceux que vous aimez. Alors, pourquoi ne pas commencer dès aujourd’hui à cultiver l’auto-compassion dans votre quotidien de parent ?
Avez-vous déjà essayé certaines de ces approches ? Partagez vos pensées et expériences dans les commentaires, et ensemble, continuons à apprendre et à grandir dans ce merveilleux voyage de la parentalité.