Cet article termine la série sur « la matrescence : transition vers la maternité » (partie 1 et partie 2), que je vous invite à lire au préalable. Dans cet article, nous allons voir les erreurs typiques autour de la matrescence et un résumé d’astuces pour la traverser de la façon la plus sereine et constructive possible, pour la maman et son bébé.
Quelques erreurs courantes à éviter
Nous avons évoqué dans l’article précédent les enjeux mais aussi les différents facteurs qui influencent la matrescence. Les erreurs que nous allons évoquées sont liées à la méconnaissance de ces facteurs et peuvent conduire à d’importants problèmes de santé mentale. L’enjeu de la santé mentale maternelle est crucial : pour rappel, près de 20% des jeunes mamans souffrent de dépression post-partum. Ce mal peut durer plusieurs années, affecter gravement des vies et des familles. Il est vraiment important de ne pas le sous-estimer, et la raison d’être de ce blog est de partager des outils pour s’en prémunir.
Parmi les erreurs typiques, il y a évidemment la méconnaissance du phénomène de la matrescence. Le fait de penser qu’être mère va de soi empêche d’adresser correctement les problématiques qui se présentent. C’est ce que j’ai très souvent constaté auprès des anciennes générations. Ces mères d’avant n’ont pas eu autant d’informations que nous, et la plupart n’ont pas pu prendre soin d’elles-mêmes comme elles en auraient eu besoin.
L’être humain ayant besoin de sens et de cohérence, certaines personnes ont tendance à nier inconsciemment les difficultés qu’elles ont traversées et à se moquer ou rabaisser ceux qui y font face. Cela permet de renforcer leur version de l’histoire selon laquelle ce qu’elles ont vécu était « normal » et « pas si grave » (théorie de la dissonance cognitive (1)). Outre le fait que ces personnes sont toujours en souffrance face à des souffrances qu’elles n’ont pas pu soigner, elles peuvent aggraver le sentiment d’inadéquation et de culpabilité des nouvelles mères qui traversent cette houleuse période. En revanche, les nouvelles mamans peuvent aujourd’hui comprendre la matrescence et savoir que ces difficultés sont universelles, que la souffrance n’est pas une fatalité. Tout ceci peut vraiment aider à adoucir le post-partum et améliorer l’expérience de la maternité.
Autre erreur courante, qui découle parfois en partie de la première : minimiser ou ignorer complètement les émotions contradictoires. Nous l’avons vu dans le premier article sur la matrescence : cette ambivalence est intrinsèque à la matrescence et parfaitement normale. Lutter contre cette réalité, c’est s’épuiser mentalement et émotionnellement à vouloir contrôler quelque chose qui est inévitable. Cela peut malheureusement conduire à créer une distance entre la maman et son bébé, et à aggraver l’intensité de cette ambivalence, et du mal-être qui en découle.
Il est difficile de ne pas se comparer aux autres mamans, dans notre intense désire de bien faire. C’est pourtant une très mauvaise idée, car chaque maternité est unique : une même femme qui accouche deux fois n’aura pas deux expériences identiques, alors pourquoi vouloir se comparer à une autre femme ? Cela n’engendre qu’un sentiment d’insuffisance et de compétition totalement toxique pour la jeune maman.
Conséquence des points que nous venons de citer, il arrive parfois qu’une maman minimise son besoin de soutien et d’aide. La solitude ne peut qu’aggraver les difficultés de la matrescence. Etre bien soutenu et entouré est une condition absolument nécessaire à une maternité sereine. Que ce soit par la famille, par des professionnels, par des amis, des associations ou autre, trouvez le soutien qui vous convient, mais surtout ne restez pas seule face au défi de la maternité.
Les normes personnelles, sociales et culturelles peuvent parfois construire chez la maman des attentes irréalistes. Ces attentes sont le terreau parfait pour créer un sentiment de pression et de perfectionnisme qui vont stresser et épuiser la maman au lieu de l’aider à prendre soin d’elle et de son enfant. Il est important de prendre du recul sur elles pendant la matrescence, et le fait d’être entourée peut vous y aider.
Enfin comme nous l’avons évoqué au départ, il ne faut absolument pas négliger la santé mentale. Celle-ci est souvent oubliée ou considérée comme secondaire après la santé physique. Pourtant, si le véhicule va bien mais que le conducteur est fatigué, c’est l’accident assuré. Il en va de même pour nous, êtres humains : prendre soin de la santé mentale n’est pas un signe de faiblesse comme on le croit souvent. Au contraire, c’est une condition sine qua non de notre épanouissement et de notre bonheur. Le fait que ces connaissances soient récentes, et que les précédentes générations aient fonctionné différemment, n’en fait pas moins une réalité.
Quelques pistes pour prendre soin de maman
Bien que nous ayons déjà donné quelques pistes dans l’article précédent, voici une synthèse de quelques astuces pour pouvoir traverser la matrescence au mieux.
Je pense qu’il est clair désormais qu’il est fondamental de s’informer sur la matrescence. Pour cela, si vous ne l’avez pas fait, je vous invite à relire la définition et ses caractéristiques présentées dans le premier article de cette série.
Il est important de rester réaliste et de gérer ses attentes pour ne pas créer de culpabilité ou de perte de confiance en soi dans un processus déjà bien assez destabilisant en lui-même. Personne n’est parfait, mais chaque maman est la meilleure maman qui soit pour son enfant, car elle fait de son mieux (je ne parle pas ici des cas dans lesquels la maman ne veut pas de son rôle de mère pour des raisons qui lui appartiennent).
Il est vital de ne pas rester seul et de s’entourer. Nous avons évoqué plusieurs pistes pour cela, notamment dans l’article sur l’instinct maternel. Il existe plein de moyens différents de ne pas s’isoler, et chaque maman doit trouver celui qui lui correspond le mieux pour se sentir en sécurité émotionnellement.
Exprimer ses émotions est la clé pour être entendue et aidée. C’est le meilleur moyen de parvenir à s’écouter et à pouvoir gérer et traverser ces émotions de façon constructive et positive. Chaque maman traverse son lot d’émotions négatives et difficiles. Mais les garder pour soi ne fait généralement que les renforcer ou saper l’énergie de la maman. Que ce soit avec votre partenaire ou vos proches, partagez vos émotions est la clé pour conserver, voire même parfois améliorer votre connection avec eux. La méditation ou une thérapie peut aussi vous aider à identifier et exprimer vos émotions, selon leur intensité.
Enfin, chose qui est parfois difficile pour une maman : il faut savoir s’accorder du temps pour soi. Connaissez-vous les consignes d’avion concernant les masques à oxygène en cas de danger ? Il est vital de le mettre d’abord sur soi, et ensuite seulement sur vos enfants. Pourquoi ? Parce que si vous êtes inconscient ou pire, vous ne pourrez plus prendre soin de personne !
Poser des limites et conserver un temps pour prendre soin de soi, c’est le moyen d’être sûre de pouvoir donner le meilleur de soi-même à son enfant. C’est quelque chose de très contre-intuitif au départ, lorsqu’on voudrait être avec son enfant en permanence et que l’hyper-vigilance maternelle nous rend obnubilées par le bien-être de ce petit être fragile. Mais cette petite soupape de sécurité que vous vous accorderez vous permettra de tenir la distance et de traverser la maternité d’une toute autre manière.
Accordez-vous des pauses, prenez soin de votre alimentation, hydratez-vous abondamment, essayez de marcher un peu chaque jour. Il ne s’agit pas de se lancer dans un régime ou un semi-marathon. Mais même juste 30 minutes par jour rien que pour vous, ça fera toute la différence.
J’espère que cette trilogie sur la matrescence a été instructive et utile. Qu’en avez-vous pensé ? N’hésitez pas à me le dire en commentaire !:)
- Kitayama, S., Chua, H., Tompson, S., & Han, S. (2013). Neural mechanisms of dissonance: An fMRI investigation of choice justification. NeuroImage, 69, 206-212. https://doi.org/10.1016/j.neuroimage.2012.11.034ISTEX.